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Smart grids et smart cities, des financements également innovants

Un parc éolien financé grâce au crowdfunding

Intelligents, les réseaux électriques et villes de demain le seront surtout par leur recours aux énergies renouvelables (EnR), propres, plutôt qu’aux énergies fossiles. Une donnée tout à fait assimilée par un nombre croissant de Français, en rupture avec l’idée selon laquelle l’électricité verte serait une simple lubie de bobos, de technocrates et d’ingénieurs. Les Français se sentent concernés par les émissions de CO2 que leur consommation en énergie dégage, et le prouvent.

C’est en tout cas l’un des enseignements qu’il convient de retenir de la première campagne de financement participatif lancée en France par EDF Energies Nouvelles, afin de développer un parc éolien dans les Vosges. « Nous sommes heureux du succès rencontré par cette campagne…, qui témoigne de la confiance des particuliers dans nos projets éoliens, commente Emmanuel Jaclot, directeur général adjoint chez EDF Energies Nouvelles. Nous espérons que cette opération ouvrira la voie à d’autres initiatives innovantes de ce type qui permettent notamment de faire participer les populations locales à nos projets éoliens. »

Linky, un compteur communicant financé par les économies qu’il permettra de réaliser

La notion d’efficience énergétique est au cœur des concepts de smart grids et de smart cities. Une performance que permet l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC), en criblant de capteurs le réseau électrique, afin de délivrer à chacun l’exacte quantité d’énergie dont il a besoin, et de dire adieu au gaspillage. Consommer moins individuellement, oui, mais aussi consommer mieux.

On l’a dit, leur but est également de mettre en avant les énergies renouvelables en favorisant leur injection dans le réseau. Pour cela, il convient non seulement d’encourager le développement des EnR, comme dans le cadre du parc éolien du Bois de Belfays dans les Vosges, mais également leur consommation quand ces énergies intermittentes et difficilement stockables se trouvent en abondance dans le réseau, pour ne pas qu’elles soient perdues. C’est là qu’intervient le compteur communicant Linky.

Centre de pilotage à domicile des smart grids, Linky a vocation à être installé dans 35 millions de foyers d’ici 2021. Equipé de diverses technologies permettant de se faire une idée précise et en temps réel de notre consommation appareil électrique par appareil électrique, Linky a aussi pour but de nous inciter à pratiquer la technique de l’effacement (réduction de notre consommation pendant les heures pleines, durant lesquelles l’électricité est plus chère). Il nous indiquera également quand nous tourner vers les énergies renouvelables, c’est à dire quand elles se trouvent en quantité dans le réseau en raison d’aléas climatiques (grand vent, grand soleil, etc.) et sont donc accessibles à un prix avantageux.

Cheville ouvrière des réseaux intelligents et, par extension, des villes intelligentes, Linky est un instrument indispensable à la transition énergétique, dont le coût estimé par ERDF, filiale d’EDF chargée de son installation, est compris entre 5 et 6 milliards d’euros. Comment ne pas répercuter sur la facture du client final la construction et l’installation de ces 35 millions de compteur, et éviter ainsi d’annuler l’une de ses principales raisons d’être, à savoir permettre aux consommateurs de réaliser des économies ? Simple et malin : Linky, en envoyant automatiquement les relevés de consommation de chaque foyer, ou en détectant les anomalies présentes sur le réseau, permettra de limiter drastiquement les déplacements des agents chez les utilisateurs, poste de dépense sur lequel ERDF compte économiser pour amortir son investissement.

Le « partenariat public-privé-people », l’avenir du financement des smart cities ?

La question de savoir à qui incombe la tâche de financer les smart cities (où il n’est pas seulement question de réseaux intelligents mais également de mobilité durable et de bâtiments à énergie positive, c’est à dire produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment), est également prégnante. Aux pouvoirs publics, puisqu’il s’agit, in fine, de l’intérêt général ? Aux grands groupes privées, en tant qu’ils possèdent les fonds nécessaires ? Aux petites structures, plus innovantes et réactives ? Ou aux particuliers, puisque leur qualité de vie est directement concernée ? Un peu les quatre, semble-t-il.

Ainsi, au sein de l’Union européenne, ont été signés, entre 1999 et 2009, plus de 1 400 partenariats public-privé (PPP), pour une somme globale de plus de 300 milliards d’euros. Cet outil juridique, désormais archi réputé, permet de faire se rencontrer l’intérêt général, porté par la collectivité publique, et la capacité d’investissement et technologique des – grandes – entreprises privées. Des grands groupes qui n’ont cependant pas l’apanage de la construction des villes de demain.

A Paris – qui se veut ville intelligente à part entière et a établi pour ce faire un plan stratégique baptisé « Paris intelligent et durable 2014-2020 » –, le projet de smart city « associera les habitants et les start-up », selon Jean-Louis Missika, adjoint au maire chargé de l’urbanisme. Les petites structures entrepreneuriales sont en effet l’une des clés de voûte des futures smart cities. « Le numérique (sur lequel se base l’intégralité des villes intelligentes) a besoin d’agilité et d’un processus de décision réactif », témoigne François Grosse, qui a quitté Veolia en 2013 pour monter sa start-up à Lyon, ForCity, spécialisée dans la modélisation 3D des territoires.

Certaines villes, comme Paris toujours, privilégient l’implication des habitants dans la réalisation des smart cities, au sein de ce qui serait un « partenariat public-privé-people », comme l’explique Nathalie Martin-Sorvillo, directrice de La Fabrique de la cité, le think tank de Vinci. Le financement participatif – ou crowdfunding – est la pratique, semble-t-il, la mieux indiquée ; grâce à certaines plateformes sur Internet, des projets d’utilité variable rencontrent des personnes privées prêtent à les financer. L’exemple du parc éolien vosgien est le parfait témoin de l’arrivée du financement participatif sur le terrain du développement durable. Inidev (Initiatives & Développement), première plateforme de crowdfunding dédiée aux projets liés à l’édification de villes intelligentes, est née dans ce contexte, en avril dernier. Il s’agit, pour les investisseurs – personnes privées la plupart du temps – de diversifier leur épargne, tout en participant activement au développement d’une meilleure qualité de vie.

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