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WikiLeaks offre 100 000 euros pour une copie du traité transatlantique

Après le traité transpacifique en juin, c’est au tour du traité transatlantique de se retrouver dans la ligne de mire de Wikileaks. Le site Wikileaks a promis mardi 100.000 euros à toute personne qui lui fournirait une copie du Traité de commerce transatlantique, somme qui doit être rassemblée via une opération de financement participatif. « Le secret » entourant ce Traité, en cours de négociation entre l’Union européenne et les États-Unis, « constitue une menace pour l’avenir de la démocratie européenne », estime le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, dans un communiqué.  » Certains intérêts en profitent sans limite, un peu comme ce qu’on a pu observer lors du siège financier contre le peuple grec. Le TTIP a un impact sur les vies de tous les Européens et entraîne l’Europe dans un conflit de long terme avec l’Asie. Il est temps de mettre fin au secret. »

Le Traité de commerce transatlantique (TTIP en anglais, TAFTA en français) vise à créer la plus grande zone de libre-échange bilatéral au monde, en faisant tomber les barrières douanières et en réduisant les différences de réglementations entre les Etats-Unis et l’Europe. Beaucoup le voient déjà comme un moyen de contourner les normes sanitaires, hygiéniques et les interdictions mises en place par l’UE. le fait que ce traité soit négocié en huit clos, dans le plus grand secret, n’a pas aidé à racheter l’image de ce traité. Engagées en juillet 2013, les négociations devraient passer à la vitesse supérieure cet automne, selon la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström.

De quoi faire bondir le fort en gueule Yanis Varoufakis, farouche opposant à ce projet qui devrait donner un pouvoir jugé excessif aux multinationales et autres intérêts privés, notamment via l’instauration de tribunaux d’arbitrage privé. S’il n’est plus aux responsabilités depuis sa démission fracassante du gouvernement Tsipras, Yanis Varoufakis continue de défendre ses convictions avec une certaine ténacité. L’ancien ministre des Finances grec a ainsi apporté sa contribution financière à l’initiative développée par l’association Wikileaks. La styliste britannique Vivienne Westwood ou encore le journaliste américain Glenn Greenwald figurent également parmi les personnalités de premier plan en Europe et aux Etats-Unis qui ont promis de contribuer à l’opération de crowdfunding, selon le communiqué.

L’initiative de WikiLeaks pose une première question : qui serait susceptible de faire fuiter ce document de négociation ? Le simple fait de promettre 100 000 euros montre bien qu’il est peu probable que quelqu’un le fasse spontanément, sans motivation financière. Côté européen, les regards se portent d’abord sur les hauts fonctionnaires de la Commission européenne qui mènent les négociations, pour la plupart issus de la direction générale du commerce. Les textes sont également accessibles aux ministres européens concernés par le dossier, et à certains députés européens (les cadres de la commission du commerce international, les chefs des groupes politiques et quelques présidents de commission). Comme on compte parmi eux un certain nombre de détracteurs du TTIP/Tafta, la probailité d’une fuite – bien que restreinte – est plus vraissemblable.

Côté américain, l’accès aux documents est similaire : outre les fonctionnaires de l’USTR (le ministère du commerce des Etats-Unis), qui dirige les négociations, les membres du Congrès ont également le droit de les consulter. Mais oins de 10 des 281 parlementaires américains l’avaient fait en juin dernier. De plus, il faut rappeler que le texte n’existe pas aujourd’hui sous sa forme définitive. L’Europe et les Etats-Unis, qui ont démarré à l’été 2013, sont encore très loin d’aboutir à un texte finalisé. Malgré dix cycles de négociation, l’échéance initialement fixée de parvenir à un accord à la fin de 2015 a depuis longtemps été repoussée. Dans sa version actuelle, le partenariat transatlantique possiblement révélé par WikiLeaks serait donc largement incomplet.

WikiLeaks s’est fait connaître par la publication de documents confidentiels et met un point d’honneur à protéger, techniquement et juridiquement, les sources qui les lui font parvenir. Mais que le site propose de l’argent en échange de documents est une nouveauté. Aujourd’hui, 80% de ladite somme seraient collectés.

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