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«  Cap 2030  » d’EDF  : vers une conciliation du nucléaire et des énergies renouvelables 

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Le premier producteur d’électricité de France vient de dévoiler sa stratégie pour 2030. Les quinze années à venir devraient être marquées par le développement des énergies renouvelables. EDF veut doubler la production d’énergie issue du renouvelable et montrer ainsi que nucléaire et énergies vertes peuvent tout à fait convoler en justes noces.

Réduire les émissions de gaz à effet de serre en abandonnant les énergies fossiles

La COP21 devrait faire peser des contraintes drastiques sur les États parties pour contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C pour la période post-2020, par rapport à l’ère préindustrielle. Dans le cadre de la préparation du sommet, l’Union européenne a déposé une contribution commune aux 28 États membres qui s’engagent à réduire leurs émissions de dioxyde de carbone de 40% par rapport à 1990. Principales causes du réchauffement de la planète, les émissions de gaz à effet de serre (GES) doivent être contenues rapidement. Le pas à franchir est énorme et il faut aujourd’hui plancher sur de nouveaux modes de production et de consommation d’énergie.

En ligne de mire, les énergies fossiles comme le charbon et le pétrole, très émettrices de GES. En France, les énergies fossiles fournissent plus de 70% de l’énergie totale. Une stratégie de développement des énergies renouvelables de substitution a d’ores et déjà été initiée par le gouvernement dans le cadre de la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, qui prévoit de porter la part des renouvelables à 40% du mix-électrique français. Une part importante, mais logiquement insuffisante pour assurer à elle-seule la production d’électricité totale du pays.

Nucléaire et renouvelables, combinaison choc

C’est là que le nucléaire intervient. Energie bas carbone par excellence, le nucléaire émet en France 7 grammes de CO2 PAR kWh produit, là où l’électricité éolienne par exemple en émet 23, selon une étude réalisée par le cabinet allemand Öko-Institut à partir du modèle GEMIS. Des conclusions qui n’ont pourtant pas empêché l’Allemagne de tourner le dos au nucléaire, l’ensemble de ses centrales encore en activité ayant vocation à disparaître d’ici 2022. Problème, pour remédier à ce défaut de capacité, le pays d’Angela Merkel a décidé de faire confiance au charbon, énergie fossile la plus polluante qui existe ! Un paradoxe, quand on sait que l’Allemagne se distingue par-ailleurs par sa propension à favoriser le développement des renouvelables.

En France, le nucléaire représente quant à lui 77% de l’électricité. Impensable, dans ces conditions, de l’abandonner du jour au lendemain. Si le nucléaire a encore de beaux jours devant lui dans l’Hexagone, il ne dispense pas pour autant de faire en sorte d’atteindre les objectifs fixés par l’Union européenne. D’une part parce qu’on la vu, en soi, cette énergie assure d’ores et déjà à la France une production électrique décarbonée. D’autre part parce qu’elle est tout à fait conciliable avec les EnR. Depuis le début de l’année, la conciliation entre nucléaire et énergies renouvelables a d’ailleurs fait l’objet d’une réflexion au sein du groupe EDF, aujourd’hui incarnée par la stratégie « Cap 2030 ». « Nous consacrerons aux énergies renouvelables le maximum d’investissements sans remettre en cause les ressources nécessaires pour moderniser ou renouveler le parc nucléaire français et britannique », indique ainsi Jean-Bernard Lévy, PDG du groupe EDF.

« Cap 2030 » : EDF entend doubler la production d’électricité issue des énergies renouvelables

Deux mois seulement après sa nomination, Jean-Bernard Lévy lançait la réflexion baptisée « Cap 2030 ». Trois axes de travail ont été privilégiés, « compétitivité des actifs, croissance et transformation », composés de groupes de travail sur « l’adaptation du “mix” énergétique aux besoins européens de 2030 » et au « modèle d’activité du local, de la distribution et des services ». Le 22 septembre dernier, Jean-Bernard Lévy dévoilait les conclusions de ces réflexions et le contenu de ce « CAP 2030 ». Il indiquait vouloir faire de l’entreprise « un champion de l’électricité bas carbone ». Concrètement, la stratégie d’EDF comprend un développement massif dans le domaine des énergies renouvelables, green bonds à l’appui. L’énergéticien français vient ainsi d’émettre une nouvelle obligation verte d’un montant d’1,25 milliard de dollars. Un record, tout simplement.

Le parc de centrales électriques européennes et françaises basées sur les énergies renouvelables, éolien et solaire en tête, a ainsi vocation à être multiplié par deux. La production d’électricité issue des énergies vertes « passera de 28 gigawatts à plus de 50 GW ». Rappelons que l’une des mesures phares du projet de loi sur la transition énergétique prévoit la réduction du nucléaire dans la production d’électricité française de 75 % à 50 % à l’horizon 2025. La réduction de moitié de la consommation d’énergie totale à l’horizon 2050 prévoit quant à elle un palier intermédiaire d’une baisse de 20 % en 2030.

Dans le Loir-et-Cher par exemple, l’association de différents moyens de production d’électricité est déjà visible : à côté de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux vient d’être installé un prototype d’hydrolienne fluviale immergé dans la Loire. En test depuis une dizaine de mois, l’hydrolienne se trouve peu à peu des applications industrielles. 300 à 400 modèles devraient être produits chaque année jusqu’en 2020, ce qui pourrait permettre à son constructeur, l’entreprise grenobloise HydroQuest, partenaire d’EDF, de réaliser un chiffre d’affaires de 50 à 100 millions d’euros. 

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