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Dilma Roussef sur la sellette

Pour Dilma Roussef, le calvaire n’en finit pas. Embourbé dans le scandale Petrobras, une double crise économique et politique et au plus bas dans les sondages, le gouvernement est confronté à une autre déconvenue. Un an avant l’élection présidentielle, elle a eu recours à une acrobatie financière appelée « dribble fiscal » consistant à faire financer des dépenses sociales par des banques afin de décaler dans le temps les débits inscrits sur les comptes publics.

Le Tribunal des comptes de l’Union (TCU) a jugé le procédé contraire à la loi. Mme Rousseff n’est pas la seule à avoir eu recours à ce maquillage, mais ses prédécesseurs se seraient montrés plus mesurés. Le procureur général du ministère de comptes publics, Paulo Soares Bugarin, n’a pas mâché ses mots : « la Cour s’est aussi offusqué qu’en pleine année électorale, le gouvernement contracte des crédits supplémentaires sans l’autorisation du Congrès, témoignant de son mépris » pour l’organisme.

Chaque citoyen brésilien peut déposer auprès de la Chambre des députés une demande d’impeachment. Mais, pour que celle-ci ait une chance d’aboutir, il faut qu’elle témoigne d’un délit dont se serait rendu coupable le chef d’Etat. Or, Mercredi soir, pour la première fois depuis 1936 au Brésil, le TCU a donc adopté à l’unanimité un rapport non-contraignant préconisant aux parlementaires de rejeter les comptes publics présentés par le gouvernement pour 2014. Si ce rejet était entériné par le Congrès, il serait constitutif d’une faute.

Selon les opposants de Dilma Rousseff, cette violation de la Loi de responsabilité budgétaire peut caractériser un crime de responsabilité de la présidente, l’un des motifs prévus par la Constitution pour la destitution du chef de l’Etat. Menée par le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), l’opposition de droite et de centre droit est en liesse. Le gouvernement à répliqué en l’accusant de « putschisme. » Pour le politologue Jorge Zaverucha, »il ne lui reste plus qu’à démissionner. La Présidente a perdu popularité et crédibilité. Le Brésil ne pourra supporter une telle situation pour encore trois ans [jusqu’à la fin de son mandat, en 2018]. »

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