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Elections en Birmanie – Aung San Suu Kyi appelle à des pourparlers avec la junte

Aung San Suu Kyi serait-elle en train d’essayer de transformer l’essai ? Après 25 ans de lutte pacifique contre le pouvoir militaire, la militante birmane est annoncée comme ayant récolté pas moins de 70% des suffrages lors des dernières élections législatives. « Les citoyens ont exprimé leur volonté lors des élections », écrit-elle dans une lettre adressée au chef de l’armée Min Aung Hlaing, au président Thein Sein et à l’influent président du Parlement Shwe Mann. « Je souhaiterais vous inviter à discuter la semaine prochaine de la réconciliation, au moment qui vous conviendra », ajoute-t-elle dans ce courrier rendu public par sa formation politique, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

D’après la Constitution de 2008 héritée de la junte, pour l’élection du président, le Parlement votera en trois groupes : les députés élus de la chambre haute, les députés élus de la chambre basse, et enfin les députés militaires non élus (25%). Chaque groupe pourra proposer son candidat. Le vote a ensuite lieu lors d’une session conjointe. Aung San Suu Kyi ne pourra pas se présenter en raison d’un article de la Constitution qui bloque l’accès à ses fonctions pour les personnes ayant des enfants de nationalité étrangère. Or, celle-ci a déjà annoncé qu’elle avait « un plan » et serait elle-même « au-dessus du président. »

La victoire est déjà de taille : le président du Parlement, numéro 2 du régime militaire, a reconnu sur sa page Facebook sa défaite. Du jamais vu. En 1990, celle que l’on surnomme « la Lady » avait déjà gagné les élections, mais les militaires s’étaient maintenus au pouvoir et l’avaient mise en résidence surveillée pendant plus de 15 ans. Le président Thein Sein, un ancien général de la junte autodissoute en 2011, a répondu mercredi à la lettre d’Aung San Suu Kyi et a offert à l’opposante « une rencontre bilatérale quand le processus électoral sera achevé », selon un message diffusé par le ministre de l’Information Ye Htut sur Facebook.

Les partisans d’Aung San Suu Kyi s’inquiètent de ce que peut être la réponse de l’armée à une déroute annoncée dans les urnes. La stratégie de la LND étant de laisser au gouvernement post-junte le temps de « digérer la nouvelle », sans mettre d’huile sur le feu, dans ce pays d’Asie du Sud-Est où « faire perdre la face » à son adversaire

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