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Burundi : le spectre de la guerre civile réanimé

Les violences de vendredi, les plus graves depuis le coup d’Etat de mai dernier, ont fait près de quatre-vingt-dix morts dans la capitale. Dans ce pays de la région des Grands Lacs, en Afrique centrale, les tensions sont vives depuis que le président Pierre Nkurunziza a décidé, en avril, de briguer un troisième mandat, en ignorant totalement les protestations de l’opposition. Il est aussi le conseil de plusieurs familles dont les proches auraient été arrêtés, enlevés ou tués froidement lors d’opération de police menées dans les bastions de l’opposition.

Le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, M. Zeid Ra’ad Al Hussein, est « très alarmé » par les derniers développements de la situation au Burundi. « Le pays semble avoir franchi un pas de plus vers la guerre civile. » Et il n’est pas le seul à exprimer son inquiétude. D’autres observateurs sont même allés plus loin : « Le génocide a déjà commencé. » C’est du moins ce qu’affirme l’avocat belge Bernard Maingain, grand spécialiste de l’Afrique des Grands Lacs, qui demande d’urgence l’intervention sur le terrain de la communauté internationale.

Une résolution de l’ONU appelle au déploiement « en urgence » d’une mission d’enquête sur de possibles violations des droits humains au Burundi. Le texte, déposé lundi 14 décembre, sera débattu jeudi au Conseil des droits humains, à Genève. Sur place, plus aucun média indépendant ne reste sur place pour témoigner des violences. L’Etat, quant à lui continue de faire comme si tout allait bien. Sur les comptes Twitter officiels et pro-gouvernementaux, l’actualité au Burundi est centrée sur le président Nkurunziza qui a inauguré lundi en coupant un ruban rouge la semaine du Thé.

Cette crise fait craindre à la communauté internationale le retour de violences à grande échelle dans ce petit pays, en pleine crise économique, à l’histoire post-coloniale jalonnée de massacres entre Hutu et Tutsi et qui subit une guerre civile entre 1993 et 2006. Au Burundi, 700 000 personnes manquent de nourriture, soit 36 % des de la population. 80 % des Burundais vit sous le seuil de pauvreté. Les services de santé ont rencontré leurs premières ruptures de stocks de médicaments et les prises en charge gratuites des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes se sont arrêtées.

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