Les dirigeants européens et la Turquie se sont mis d’accord, dimanche 29 novembre, sur un fonds de 3 milliards d’euros pour aider la Turquie à accueillir des réfugiés syriens. En contrepartie, le Turquie devra endiguer les flux incessants de migrants qui acheminent vers l’Europe, avec un rapprochement supplémentaire avec la réouverture le mois prochain d’un nouveau chapitre des négociations sur adhésion turque en toile de fond.
La Turquie s’est réunie en sommet avec les dirigeants des vingt-huit états de l’Union Européenne (UE) pour la première fois depuis 11 ans. Turcs et Européens se sont mis d’accord sur la signature d’un accord historique après le sommet de dimanche à Bruxelles. Les dirigeants européens demandent à la Turquie de mieux contrôler ses frontières et de trier les migrants qui peuvent recevoir l’asile et ceux qui doivent être renvoyés dans leur pays d’origine. En échange, l’Union européenne débloquera 3 milliards d’euros d’aide pour l’accueil des migrants en Turquie. Pour l’UE, il y a urgence : depuis janvier, 700 000 migrants ont rejoint, par la Turquie, le Vieux-Continent (deux millions supplémentaires dans les deux années à venir).
“Aujourd’hui, nous avons redynamisé le processus d’adhésion”, annonce le Premier ministre turc, Ahmet Davutoğlu. “Nous sommes d’accord sur une stratégie intégrée contre toute instabilité dans le voisinage de l’Europe et aussi pour travailler côte à côte sur la crise des réfugiés.” Le pays accueille déjà près de compte notamment près de 2,2 millions de réfugiés syriens. « Dès lors que la Turquie fait un effort pour accueillir des réfugiés, ceux-là même qui ne viendront pas en Europe, il est légitime que la Turquie reçoive une aide de l’Europe pour l’accueil des réfugiés », a déclaré le président François Hollande.
Avant l’annonce de l’accord, quelques réticences subsistaient, notamment du côté de la Grèce et de Chypre. Les progrès dans les discussions entre l’Union européenne et la Turquie restent notamment conditionnés à la reconnaissance de Chypre. D’autres États membres craignaient aussi de donner l’impression à la Turquie et à l’opinion publique que l’Europe abaissait ses exigences en matière de droits de l’Homme. L’UE a en effet récemment fustigé « les graves reculs » de la liberté d’expression en Turquie et jugé « inquiétante » la situation de deux journalistes turcs, inculpés et écroués pour un article sur de possibles livraisons d’armes par les services secrets turcs à des islamistes en Syrie.