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Diversification de l’économie : le Congo Brazzaville, nouvelle « locomotive économique » ?

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Réforme du secteur des hydrocarbures

La modernisation de la réglementation relative aux hydrocarbures est en discussion depuis 2012, mais la réforme du Code pétrolier, actuellement à l’étude au Parlement, devrait bientôt être adoptée. Concrètement, la réforme vise à moderniser le cadre de l’investissement dans le pays en donnant à la SNPC, la Société Nationale des Pétroles du Congo, les rênes en matière d’hydrocarbures. La société se verra ainsi confier l’exclusivité sur l’attribution des permis relatifs aux nouveaux blocs.

Les compagnies et investisseurs étrangers bénéficieront quant à eux du statut de « partenaires ». Jean-Marc Thystère Tchicaya, ministre des Hydrocarbures, a récemment déclaré qu’il s’apprêtait à lancer des appels d’offres sur cinq blocs onshore situés dans le département de la Cuvette. Une annonce qui fait suite à celle d’octobre dernier, lors de l’Africa Oil Week qui s’est tenue au Cap, de mettre en jeu huit nouveaux blocs offshore. Le gouvernement compte ainsi s’appuyer sur l’exploitation de ses ressources pétrolières comme levier pour diversifier son économie. En ayant davantage d’emprise sur la stratégie d’exploitation des gisements pétrolifères, il se laisse une marge de manœuvre dans les autres secteurs.

Reprise économique pour la République du Congo

Les récentes réformes devraient ainsi permettre d’accompagner judicieusement la reprise économique constatée ces dernières années. Après un fléchissement en 2013, la croissance de la République du Congo a rebondi à 6 % en 2014 et devrait atteindre 6.8 % en 2015. Une remontée spectaculaire que la baisse des cours du brut pourrait néanmoins affaiblir. Les ressources issues du pétrole représentent 60% du PIB congolais. Selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), la production de pétrole de la République du Congo a atteint 250 000 barils de brut par jour en 2014.

Les perspectives économiques du pays reposent ainsi en grande partie sur la vitalité du secteur pétrolier, très vulnérable aux fluctuations des cours internationaux et au différentiel de change entre l’euro et le dollar. Cela n’a cependant pas empêché la Banque africaine de développement de tabler sur une croissance de 7,3 % en 2016, « soutenue par la poursuite du programme d’investissements publics, le démarrage de la production minière et le dynamisme des secteurs des services et de l’agriculture ».

La stratégie de diversification menée par Sassou-Nguesso aurait-elle porté ses fruits ? Apparemment oui. Depuis 2002, la croissance n’est plus portée par le pétrole seul. La diversification se traduit par une baisse du taux de chômage et de la pauvreté. Le président congolais s’exprimait en 2013 à ce sujet : « Selon les résultats des enquêtes de consommation auprès des ménages, réalisées en 2005 et 2011, le taux de chômage au Congo a chuté de 19,4 % à 6,9 %. La pauvreté, appréciée à l’aune de la détention monétaire, a reculé en passant de 50,7 % de la population en 2005 à 46,5 % en 2011. »

Sortir de la rente pétrolière : objectif du gouvernement de Sassou-Nguesso

La diversification de l’économie congolaise est un levier essentiel de sa croissance future et représente aujourd’hui l’objectif principal du gouvernement de Sassou-Nguesso. Pour Eustache Ouayoro, directeur des opérations de la Banque mondiale pour les deux Congo (RDC et République du Congo), « il s’agit d’un secteur capitalistique qui ne crée pas beaucoup d’emplois, le pétrole étant une activité offshore qui a très peu de liens avec l’économie locale.

Le Congo doit donc diversifier son économie s’il veut lutter efficacement contre la pauvreté car des secteurs comme l’agriculture (y compris l’agro-alimentaire) sont créateurs d’emplois. » Et, ajoute-t-il, le Congo Brazzaville a de nombreux atouts : bon taux de croissance, densité de population faible, niveau d’urbanisation élevé, terres en quantité suffisante, réseau hydrographique très développé, climat favorable à l’agriculture… Autant d’atouts, selon lui, pour « devenir l’une des locomotives économiques de la sous-région ». Le gouvernement l’a compris et semble soutenu par la population congolaise.  

Le dimanche 25 octobre dernier, le président de la République congolaise, Denis Sassou-Nguesso invitait les Congolais à se réunir dans les bureaux de vote pour décider du changement, ou non, de la Constitution du pays. L’enjeu est de taille alors qu’un changement de Constitution peut permettre à Denis Sassou-Nguesso de se présenter à l’élection présidentielle prochaine. Une possibilité que semble approuver les Congolais qui ont été 92 % à voter en faveur d’une modification de leur Constitution, preuve que les réformes économiques engagées dans le pays n’enthousiasment pas que ses dirigeants.

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