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Divisions autour du projet de gardes-frontières européens

L’UE abat mardi une nouvelle carte pour reprendre le contrôle de ses frontières extérieures : un corps de garde-frontières européens et de garde-côtes, l’idée est ancienne, mais elle n’a jamais pu être mise en œuvre. Instituée en 2005, l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne, plus connue sous son acronyme Frontex, était censé assurer la sécurité aux frontières européennes. Elle n’en a, en fait, ni le mandat ni les moyens. Sa mission est de « coordonner » la coopération entre les forces de chaque état membre. Elle assiste les douaniers nationaux, elle ne les remplace pas.

Or, la crise des réfugiés déclenchée depuis l’été rend son fonctionnement obsolète. On a vu plusieurs Etats (Hongrie, Slovénie, Autriche) rétablir les contrôles aux frontières, voire installer des barbelés, chacun renvoyant à son voisin la charge de la crise humanitaire en cours. En réaction de cette crise et de la facilité de transit des terroristes de l’attentat de Paris au sein de l’UE, la Commission dirigée par Jean-Claude Juncker a proposé la création d’un corps européen de garde-frontières. Les Etats membres « ne sont pas préparés » pour faire face à l’afflux des demandeurs d’asile et « ils ne peuvent pas agir tout seuls », a fait valoir le Commissaire européen aux migrations, Dimitris Avramopoulos.

Les Etats membres devront rendre disponibles au moins 1 500 gardes-frontières mobilisables en quelques jours, est-il indiqué dans un document de la Commission. En sus, « dans des situations urgentes », le nouveau corps « doit être en mesure d’intervenir pour veiller à ce que des mesures soient prises sur le terrain, même là où il n’y a pas de demande d’aide de l’Etat membre concerné ou lorsque cet Etat membre estime qu’il n’y a pas besoin d’une intervention. » C’est cette dernière disposition pour le moins audacieuse qui est clivante.

Pour le ministre hongrois des Affaires étrangères ce projet va trop loin. « Je ne crois pas que cela soit vraiment pertinent d’avoir une nouvelle législation qui imposerait contre la volonté d’un État membre des mesures qui toucheraient à la surveillance de ses frontières », précise Péter Szijjártó. Sans attendre sa présentation officielle, mardi 15 décembre à Bruxelles, le chef de la diplomatie polonaise, Witold Waszczykowski, s’est opposé au projet qu’il a qualifié de « non démocratique. » La proposition de la Commission est en revanche vivement soutenue par la France et l’Allemagne.

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