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L’Afrique à la pointe du recyclage des sacs plastique

Largement décriés, en France, pour leur aspect peu écologique, les sacs plastiques ont su en Afrique faire valoir leurs atouts et offrent désormais une nouvelle ressource valorisable économiquement. Les programmes de recyclage se sont en effet multipliés ces dernières années et permettent aujourd’hui au Burkina Faso, au Mali ou au Niger, entre autres, de profiter pleinement des avantages de l’économie circulaire. De quoi donner des idées à l’Hexagone ?

Les sacs plastiques, une nouvelle ressource pour les pays africains

Question environnementale centrale dans les pays africains, la prolifération des sacs plastiques nécessite aujourd’hui la mise en place de systèmes de collecte des déchets efficaces dans le cadre de stratégies nationales de recyclage. Des systèmes officiels qui ont toutefois bien de mal à se mettre en œuvre et reposent davantage sur le travail des associations de terrain, pour lesquelles ces sacs plastiques sont devenus au fil des ans une véritable matière première. Plusieurs associations et professionnels collectent en effet les matières plastiques pour leur donner une seconde vie sous la forme de tables, de pavés ou de bordures de jardin. 

Le réseau d’entreprises Resada, tout d’abord, a mis au point dans les années 1990 un système vertueux permettant le recyclage des sacs plastique dans la réfection des routes africaines, généralement en très mauvais état. En mélangeant le plastique fondu à du sable, Resada crée un nouveau goudron moulé en forme de pavé et adapté à la construction des routes. Vingt kilos de déchets sont nécessaires à la fabrication de 5 kilos de goudron.

A Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso, le recyclage des sacs plastiques est là aussi devenu une affaire rentable pour les femmes du GAFREH (Groupe d’action des femmes pour la relance économique du Houet). Ces dernières ramassent depuis près de treize ans maintenant les sacs plastique jonchant les trottoirs et les parcs de la deuxième ville du pays, pour en faire du tissu, des sacs à dos, des pochettes pour ordinateur, des sous-tasses, des colliers ou des porte-clés. Les objets fabriqués sont ensuite vendus dans les trois échoppes tenues par l’association, à Bobo-Dioulasso et Ouagadougou.

L’entreprise de formation et de valorisation des déchets plastiques de Ouagadougou AIRTAE et son directeur Philippe Yoda, travaillent eux aussi depuis plusieurs années pour la récupération, le recyclage et la transformation des sacs plastique en produits finis. Philippe Yoda est d’ailleurs convaincu du bien fondé de ces projets à long terme pour l’environnement, mais également pour le développement économique et social du continent. « L’Afrique doit trouver des solutions elle-même pour sortir du sous-développement. Cette technologie crée de l’emploi et pourrait permettre à l’Afrique d’aller de l’avant », explique-t-il sur Arte. 

Le recyclage des sacs plastiques, un exemple d’économie circulaire

Ces différentes entreprises de recyclage des sacs plastique ont toutes démontré au cours de ces dernières années leur pertinence tant sur le plan écologique que sur le plan économique. En effet, si ramasser les sacs plastique polluant les villes et villages africains est bien sûr bénéfique pour l’environnement, leur revalorisation en nouveaux produits finis alimente également l’économie locale et favorise la création d’emplois dans des régions encore peu développées.  

Le centre de GAFREH au Burkina emploie désormais près de 95 femmes tout au long du processus de recyclage et de production contre seulement quatre à ses débuts en 2002. De la même manière, les usines de production de pavés du réseau Resada se sont progressivement développées dans toute l’Afrique et s’exportent désormais jusqu’en Asie. Au Mali, une usine qui a ouvert à Mopti en 2005, emploie aujourd’hui 10 salariés et procure un petit revenu à plus de 160 personnes pour la collecte des déchets. Au Togo, l’association Les Pavés de Lomé se bat actuellement pour la construction d’unités de recyclage des sacs plastiques en pavés à Lomé. 

Un bel exemple pour les pays européens qui éprouvent aujourd’hui bien des difficultés à mettre en place de véritables programmes d’économie circulaire et cela malgré un marché du recyclage qui a atteint plus de 9 milliards d’euros en 2014. Les populations européennes semblent en effet peu sensibilisées aux opportunités économiques offertes par le recyclage.

La France accuse notamment un certain retard par rapport à d’autres pays comme les Pays-Bas ou l’Allemagne en raison principalement d’un frein culturel et social. Les consommateurs sont généralement peu informés sur les bénéfices réels de l’économie circulaire et la coopération entre entreprises n’est pas toujours aisée, notamment en raison du partage d’informations qu’elle suppose, mais aussi à cause de la résistance encore éprouvée face au changement. 

 

Crédits photo : Issouf Sanogo/AFP

 

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