Le Conseil de sécurité de l’ONU a ouvert la voie à un cessez-le-feu et à de véritables négociations pour mettre fin à la guerre civile en syrienne qui dure depuis près de cinq ans, et qui a causé la mort de plus de 250 000 personnes, d’après l’Organisation syrienne des droits de l’homme, et des millions de réfugiés et déplacés. Les positions des grandes puissances, membres permanents du conseil de sécurité – Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, d’un côté ; Russie et Chine, de l’autre – sont désormais suffisamment proches pour qu’un tel texte ait été possible. Mais elles demeurent encore très éloignées, notamment sur le sort du président Bachar al-Assad.
En quatre ans et demi de guerre, jamais le Conseil de sécurité des Nations unies n’avait réussi à se mettre d’accord sur une sortie de crise politique en Syrie. La feuille de route vers un cessez-le-feu produite par l‘ONU en fin de semaine dernière constitue donc une avancée significative. Cependant, l’accord reste surtout théorique, et des divergences persistent entre Russes et Occidentaux sur le sort de Bachar al-Assad, sans parler de la méfiance des rebelles à tout accord incluant ses alliés.
Le plus important – jeter les bases d’une solution politique afin de permettre de porter tous les efforts dans la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI), et prendre le chemin de la paix – nécessite un compromis, où chaque camp accepte de sacrifier une partie de ses intérêts. Or, toutes les questions qui fâchent ont été laissées dans le flou. Il s’agit donc d’ventage d’un accord sur la volonté sincère des parties de tomber d’accord, sorte de profession de bonnes intentions.
Les grandes puissances veulent essayer d’aller vite avec l’objectif de lancer les discussions pratiques et de les faire coïncider avec un cessez-le-feu sous l’égide de l’ONU sur l’ensemble du territoire syrien. « Nous espérons (..) être capable de le faire en janvier », a prudemment avancé le médiateur de l’ONU en Syrie, Staffan de Mistura. Le cessez-le-feu, enfin ne concerne pas la logistique des opérations alliées contre Daech et le front Al-Nosra, bien que la motion de l’Onu appelle à « éliminer le sanctuaire qu’ils ont créé. »
Dans une déclaration samedi sur Twitter, Khaled Khoja, le chef de la Coalition nationale syrienne (CNS), principale formation de l’opposition en exil, a décrit l’accord comme irréaliste, ajoutant même qu’il « torpille » les résultats de la récente réunion des forces de l’opposition à Ryad. « Compte tenu de la réalité sur le terrain et de l’impasse sur le sort de Bachar al-Assad, l’accord n’est absolument pas applicable », a pour sa part estimé un autre dirigeant de la CNS, Samir Nachar.