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Répression violente des manifestations des Oromos en Ethiopie

Les tensions ont commencé début novembre dernier dans la petite ville de Ginchi, à 80 km au sud-ouest de la capitale Addis-Abeba, lorsqu’un groupe d’officiels a décidé de la réquisition de terres en faveur d’un investissement industriel. Les habitants de la localité s’y sont opposés. Des manifestations ont été lancées à la mi-novembre dans toute la région de l’Oromia – la plus peuplée du pays et qui possède sa propre langue, l’Oromo, différente de la langue officielle, l’amharique – par des étudiants inquiets du projet d’agrandissement de la capitale Addis Abeba. Ils craignent des expropriations de terres dans des zones oromo, qui s’étendent de l’est au sud-ouest du pays.

Un mois et demi plus tard, des manifestations quasi quotidiennes secouent la région Oromia, la plus vaste des onze qui composent la République fédérale d’Ethiopie. Le gouvernement éthiopien n’a pas immédiatement réagi, mais son bilan officiel était jusqu’ici de cinq morts. Le porte-parole du gouvernement, Getachew Reda, a affirmé que des « manifestations pacifiques » avaient dégénéré en violences et accusé les manifestants de « terroriser les civils. » Pourtant, au moins 75 personnes ont été tuées ces dernières semaines par les forces de sécurité éthiopiennes dans la région Oromia, qui ont directement ouvert le feu sur les manifestants.

L’armée a plus tard de nouveau investi la ville de Wolenkomi. Kafani, un petit commerçant présent lors des manifestations, témoigne : « Ils m’ont mis en joue et m’ont dit : ‘Tu rentres chez toi, si tu reviens, on te tue.’ » L’ONG Human Rights Watch confire les abus commis par les autorités. Selon HRW, de nombreux témoins »ont décrit comment les forces de sécurité ont frappé et arrêté des protestataires, souvent directement dans leur maison de nuit. « Arrêtez les tueries ! Il n’y a pas de démocratie ! » s’indigne la communauté Oromo. Les critiques contre les autorités sont rares en Ethiopie, où le régime est régulièrement accusé d’atteintes aux droits de l’Homme.

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