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Attaques terroristes au Tchad : le président Idriss Déby tient le cap

« Boko Haram est décapité »

« Boko Haram est décapité. Il y a de petits groupes éparpillés dans l’est du Nigeria, à la frontière avec le Cameroun. Nous sommes en mesure de mettre définitivement hors d’état de nuire Boko Haram ». Ce sont les paroles déterminées d’Idriss Déby Itno, le chef de l’État tchadien, prononcées le 11 août dernier devant la presse nationale à l’occasion de la célébration du 55ème anniversaire de l’indépendance du Tchad.

Le pays s’est engagé dans une politique de lutte antiterroriste ambitieuse. Ces derniers mois, Idriss Déby a décidé de poursuivre les efforts, y compris financiers, et d’assumer le rôle de leader sécuritaire que le pays tient dans la région. Il a ainsi ordonné le déblocage de 3 milliards de F CFA (4,57 millions d’euros) au moment du décret de l’état d’urgence, fonds mobilisés pour venir en aide à la région du Lac.

Cible particulière des attaques, la région souffre de sa position géographique stratégique pour les groupes terroristes. « Le défi était d’éviter les actions terroristes », s’était exprimé le chef d’État. « C’est pour cela que nous nous organisons au niveau de la sous-région pour empêcher que les matériels pour fabriquer les bombes et autres explosifs rentrent dans nos pays ».

Information et prévention

Outre ces mesures offensives, le gouvernement tchadien a décidé de prendre le problème du terrorisme en amont grâce à une politique de prévention. Le Premier ministre tchadien, Kalzeube Payimi Deubet appelle à une synergie d’actions, un réseau de renseignement et, surtout, à une communication à l’endroit de la population, pour mener cette « guerre asymétrique » contre Boko Haram.

Pour lui, la victoire dépend du rassemblement populaire et non de la division engendrée par la propagande djihadiste. Les médias sont ainsi appelés à prendre leurs responsabilités dans cette lutte. « Qui mieux que les journalistes pour informer, sensibiliser, conscientiser et orienter les populations pour qu’elles adhèrent à la lutte ? » confie le Premier ministre.

Le gouvernement tchadien a par ailleurs décidé de recruter dans l’armée des « fils de la région » du Lac afin de les soustraire à la menace terroriste et à la propagande islamique. Adoum Fortey, originaire de la région, a d’ailleurs récemment été nommé préfet par Idriss Déby Itno. Ces mesures préventives et inclusives conjuguent à la fois développement économique et sécurité. Une politique judicieuse pour endiguer rapidement la menace terroriste au Sahel.

Centre névralgique de la lutte antiterroriste en Afrique centrale et occidentale

En représailles de la politique volontariste de son chef d’État, le Tchad a été victime de plusieurs attaques ces derniers mois. Le 9 novembre dernier, le gouvernement a été contraint de décréter l’état d’urgence. Une loi votée par l’Assemblée nationale le 18 novembre a porté la durée de cet état d’urgence à quatre mois. Mais sa situation géographique, entre le Cameroun, le Niger et le Nigeria, lui permet d’être un centre névralgique pour la coordination internationale de la lutte antiterroriste. N’Djamena accueille ainsi le commandement de l’opération Barkhane conduite par l’armée française.

Pays le plus stable de la région, le Tchad a réussi à se forger un leadership en matière de lutte contre le terrorisme. Depuis deux ans, le gouvernement de Déby Itno a également multiplié son effort de guerre en intervenant en soutien à ses pays voisins. Des troupes tchadiennes sont intervenues dès février 2013 au Mali, où on compte aujourd’hui plus de 2000 hommes de l’armée tchadienne. Le Président tchadien a vivement réagi aux attaques conduites contre le Mali et montré son soutien lors de la prise d’otages à l’Hôtel Radisso, à Bamako, en novembre dernier, au moment de la semaine sanglante qui avait vu se succéder plusieurs attaques terroristes coordonnées par le groupe État islamique, dont les attaques de Paris.

« Je condamne de la manière la plus ferme possible cet acte barbare qui n’a rien à voir avec la religion. Je réaffirme notre soutien sans faille à notre frère Ibrahim Boubacar Keïta et au peuple malien tout entier. Rien n’est encore très précis. Mais on peut s’attendre à du sang et des pleurs ». D’autres troupes tchadiennes sont également déployées au Cameroun et à l’extrême nord du Nigeria.

En août dernier, le Président Idriss Déby Itno recevait le Prix médias africains pour la paix et le leadership (PMAPL). Une récompense qui vient couronner sa politique globale de lutte contre le terrorisme, dont les deux volets préventifs et répressifs, semblent réellement porter leur fruit dans la région.

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