Site icon La Revue Internationale

Chine-Afrique : des accords gagnant-gagnant

chine.jpgchine.jpg

Le Sommet qui valait 60 milliards

Au début du 21ème siècle que la Chine commence à nouer avec l’Afrique une relation économique forte, allant même jusqu’à multiplier les échanges commerciaux par 20 depuis 2000. En 2013, la valeur de ces échanges pointe à 200 milliards de dollars, deux fois plus que ceux effectués avec les Etats-Unis.

Depuis quelques années, la Chine se positionne comme le partenaire commercial numéro 1 de l’Afrique. Le continent compte pas moins de 2 500 sociétés chinoises pour environ 1 million de travailleurs chinois vivant en Afrique. Une relation qui profite de la croissance de l’Afrique, mais qui a été marquée l’année dernière par une baisse des investissements chinois. Le premier semestre 2015 a en effet vu ces financements chuter de 40 % en Afrique, une baisse imputée majoritairement au ralentissement de la croissance chinoise.

L’année s’est pourtant bien terminée avec la tenue à Johannesburg du sixième Forum de coopération Chine-Afrique (FOCAC) qui aura marqué l’histoire de cette entente par l’annonce du président Xi Jinping de nouveaux investissements colossaux en Afrique.

« La Chine a décidé d’octroyer un total de 60 milliards de dollars d’aide financière, incluant 5 milliards de prêts à taux zéro et 35 milliards de prêts à taux préférentiels », a annoncé Xi Jinping. Ces enveloppes vont principalement servir à financer des programmes de coopération aussi bien dans l’agriculture que dans l’industrialisation du pays, la réduction de la pauvreté ou la sécurité.

En plus de vouloir faire des affaires avec l’Afrique, la Chine travaille au bon développement du pays en s’impliquant toujours davantage pour éradiquer la famine et soustraire les pays les moins avancés à des dettes pour le moins handicapantes. Un rapport gagnant-gagnant dont semblent se réjouir les deux parties. « La Chine est en train de faire pour le développement de l’Afrique ce qu’aucun pays colonisateur n’a fait » a déclaré Robert Mugabe, Président de l’Union africaine.

Une situation win/win

L’intérêt chinois pour l’Afrique réside principalement dans les ressources que le continent a à offrir. « La Chine a besoin de sécuriser ses approvisionnements en matières premières, et l’Afrique en a beaucoup. », indique Sylvain Broyer, économiste chez Natixis. Mais les investissements chinois dépassent le simple cadre réservé aux richesses naturelles du continent pour s’étendre à d’autres pans de l’économie africaine.

« Sur tout le continent et dans notre pays en particulier, nous avons espéré que les investissements chinois aillent aussi vers des infrastructures et cela s’est vérifié. On n’arrivera pas à un développement win/win si on n’améliore pas l’éducation, les communications, l’accès aux ressources », explique Rob Davies, ministre du commerce et de l’industrie d’Afrique du Sud.

Si l’Afrique y trouve son compte, c’est aussi car l’entente sino-africaine lui permet de développer son secteur manufacturier, de créer de nombreux emplois et de renforcer par la même occasion la valeur ajoutée de ses produits. Cette entente donne aussi l’opportunité aux Africains de bénéficier de produits bon marché venus tout droit de Chine.

L’Afrique du Sud, l’épicentre des investissements chinois ?

Si la Chine a pris pour habitude de multiplier ses prises d’intérêt sur l’ensemble du territoire africain, il semblerait que l’Afrique du Sud concentre depuis de nombreuses années une grande partie de ses investissements.

En 2007, la banque chinoise ICBC payait 5,6 milliards de dollars pour racheter 20 % de la Standard Bank, l’établissement financier le plus important du continent africain. A l’époque, cette acquisition marquait le plus gros investissement étranger jamais effectué par une entreprise chinoise. En 2011, le fonds souverain CIC (China Investment Corporation) dépensait 243 millions de dollars pour mettre la main sur 25 % du groupe sud africain Shanduka, un conglomérat qui intervient dans des domaines aussi variés que les télécoms, l’agroalimentaire, la finance ou encore l’énergie.

Durant la dernière décennie, la Chine a habilement développé ses investissements en Afrique du Sud en mettant un point d’honneur à diversifier ses champs d’intervention pour in fine ne pas se limiter aux richesses naturelles du continent. L’Empire du Milieu a également étendu sa présence dans les secteurs financier, agricole, dans le textile ou encore l’électroménager.

Le fabricant chinois d’équipements électroniques Hisense a fait son entrée sur le marché africain en 1997, avant de parvenir à mettre en place un véritable parc industriel en 2013 en pleine province du Cap. Les experts prédisaient alors que cet investissement pourrait être à l’origine de la création de 1 200 emplois et permettre au groupe d’occuper 30 % du marché de la télévision en Afrique. Un bel exemple de la façon dont la Chine est parvenue à stimuler le tissu économique africain en dynamisant l’activité de tout un pays.

Le Gabon, l’autre pôle d’attractivité africain

Depuis les années 70, qui marquèrent le début des relations diplomatiques entre la Chine et le Gabon, la collaboration entre les deux pays n’a eu de cesse de s’intensifier pour atteindre un niveau inédit lors du dernier FOCAC. Fin 2015, de nouveaux accords ont ainsi été signés entre les deux parties, mettant notamment sur la table la création d’une ligne aérienne entre Pékin et Libreville et nouant des partenariats dans des domaines comme l’agriculture ou la sécurité.

La Chine et le Gabon ont également décidé d’aller plus loin dans leur coopération en décidant la suppression des visas pour les titulaires des passeports diplomatiques et de services, permettant ainsi aux ressortissants chinois et gabonais concernés de faciliter leur transition au sein des deux pays. Xi Jinping a également fait un geste en faveur des étudiants gabonais en annonçant vouloir augmenter significativement le nombre de bourses qui leur seront attribuées.

L’entente entre le Gabon et la Chine a permis au pays dirigé par Ali Bongo de renforcer ses infrastructures, en se dotant d’hôpitaux, de routes, de stades sportifs et en lui donnant l’impulsion nécessaire pour devenir une nation qui compte sur le continent africain. On pense notamment à la route Port-Gentil-Omboué, considérée au Gabon comme « le chantier du siècle » et qui reliera les deux villes sur 93 km,  ou encore au barrage hydroélectrique du Grand Poubara, construit en 56 mois par la firme chinoise Sinohydro.

En 2017, le Gabon recevra la Coupe d’Afrique des nations à Can, un événement sportif majeur qui va intensifier le rayonnement du pays sur tout le continent et bien au-delà encore. Les entreprises chinoises sont directement impliquées dans le processus de développement du projet puisqu’elles participent en nombre aux différents chantiers lancés pour permettre à cette manifestation d’avoir lieu, et plus particulièrement en ce qui concerne la construction des stades de Port-Gentil et d’Oyem.

Si le Gabon fait valoir de sérieux atouts auprès de la Chine, qui y voit aujourd’hui un terrain propice aux investissements, la réussite d’une telle coopération est également le fruit du travail des dirigeants du pays eux-même, désireux de rééquilibrer l’économie gabonaise. Pour Maixent Accrombessi, le directeur de cabinet du président Ali Bongo, il s’agissait de réduire la dépendance au pétrole du pays en favorisant le développement d’autres secteurs d’activités, tels que les nouvelles technologies de l’information, l’agro-alimentaire ou encore le green business. Bien vu, ce sont aujourd’hui des domaines porteurs qui permettent au pays de soutenir une croissance menacée par la crise pétrolière.

Les liens entre l’Afrique et la première puissance économique mondiale garantissent au continent noir des perspectives d’avenir positives et font de l’Empire du Milieu un allié privilégié pour sortir les pays africains d’une pauvreté qui fait encore souffrir la majorité de la population. « Parmi les pays du continent ayant connu la plus forte croissance économique ces dernières années figurent sept pays où la Chine a particulièrement investi », relevait Justin Lin, professeur d’économie à l’Université de Pékin, durant un débat du World Economic Forum à Davos consacré à la Chine. Et pour continuer sur cette lancée, le premier ministre chinois Li Keqiang annonçait en mai 2014 vouloir monter les investissements chinois en Afrique à 400 milliards de dollars d’ici à 2020, soit le double du volume des échanges actuels.

Quitter la version mobile