L’accord nucléaire conclu le 14 juillet avec les grandes puissances, est entré en vigueur samedi après que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a certifié que l’Iran avait respecté ses obligations visant à garantir la nature strictement pacifique de son programme nucléaire. Avec la levée des sanctions, l’Iran semble bien parti pour renouer avec la croissance. Un retour inégalement apprécié, surtout dans la région où les tensions religieuses et politiques sont profondes.
Le président Hassan Rohani a salué dimanche 17 janvier l’ouverture d’une « nouvelle page » dans l’histoire iranienne, après l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire historique et la levée de la plupart des sanctions internationales imposées pendant des années à son pays. Et les premières retombées positives se font déjà voir en matière économique. Le pays pourrait voir sa croissance atteindre 4 % en 2016 et 4,2 % en 2017. La production industrielle, quant à elle, progresserait de 5 % par an, et les exportations devraient augmenter de 20% cette année. En 2017, elles progresseraient de 11 %, et en deux ans, le volume d’importations supplémentaires en Iran pourrait atteindre 20 milliards de dollars (dont 4 milliards en machines et matériel industriel, 2,7 milliards en voitures).
Rohani effectue actuellement sa première visite officielle en Europe – une visite est importante politiquement en Iran car elle montre que le gouvernement iranien s’inscrit dans une logique de normalisation et d’amélioration de ses relations diplomatiques et économiques avec les pays occidentaux. Le gouvernement iranien est en effet maître d’œuvre dans de nombreux secteurs (l’Etat contrôlant 80 % de l’économie). Le surcroît d’exportations vers l’Iran devrait avant tout bénéficier à l’Allemagne (1,9 milliard de dollars sur la période 2015-2017). Elle serait suivie par la France (1,3 milliard de plus d’exportations vers l’Iran), l’Italie (+ 900 millions) et le Royaume-Uni (+ 600 millions). L’Iran serait également en passe d’acheter 114 Airbus à la France.
Cependant, ce nouveau chapitre ne fait pas que des heureux. L’amorce d’un rapprochement entre Téhéran et Washington, dont les relations sont rompues depuis 1980, a très fortement déplu aux alliés traditionnels des Etats-Unis dans la région – l’Arabie saoudite et Israël en tête – qui redoutent l’influence de la puissance chiite. De plus, la perspective d’un retour de l’Iran sur un marché pétrolier déjà saturé par une abondance de l’offre, ainsi que la baisse des prix du brut, ont plombé les Bourses des monarchies pétrolières du Golfe qui ont fortement chuté. Les Emirats arabes unis, la Chine et la Corée du Sud, qui ont conquis des parts du marché perse depuis 2006, veulent les préserver, et accueillent égalent cette ouverture avec réserve.