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Quand le vinyle devient écolo

C’est alors que des sociétés telles M.P.O (moulage plastique de l’ouest) sentent la différence sur ce secteur, mais pas qu’elles ! Aujourd’hui, une véritable renaissance du disque pointe à l’horizon. M.P.O à produit l’an passé 7 millions et demi de vinyles contre 4 millions en 2010.

Dans l’Est du pays maintenant, il en est une qui est en train de ressurgir dans le domaine : Résinoplast, implantée à Reims. Elle est sur le marché du « compound » (matériau composite) à destination du disque vinyle depuis 35 ans et active à nouveau les manettes avec un objectif pour 2016 : «100 millions de disques seront produits avec notre matière en 2016, soit un disque sur 4 dans le monde » annonce le Directeur Général, Pierre-Henri Constant. Par ailleurs, l’intérêt de cette société est d’avoir su techniquement accéder au 100% Reach (dans un souci de protection de la santé et de l’environnement) et de recycler intelligemment ses déchets de fabrication du disque vinyle. Nous l’évoquerons un peu plus bas. Pour être en accord avec nos ministres qui valorisent dès qu’ils le peuvent le savoir-faire français, il est bon une fois de plus d’évoquer nos défis industriels.

Auparavant, petit rappel : a la fin des années 80, la production de musique enregistrée trouve un nouveau support : le CD, puis le progrès nous balancera le son en MP3, le streaming, les téléchargements sur internet. L’homme progresse en technologie, mais le son régresse en qualité. Et sur les trois supports que sont : le vinyle, le CD, le fichier MP3, « Tous les spécialistes vous le diront … le MP3 est celui qui offre la moins bonne qualité audio. Pour réduire le poids des morceaux, et tenir sur les baladeurs numériques, le format MP3 compresse les données audio, qui sont ensuite décompressées lors de l’écoute. Il en résulte des pertes, et un son dégradé » lit-on sur le Parisien.fr [i]

Le marché des presses-à-disques en lien avec les producteurs s’écroule alors pendant plusieurs années. Et les machines dorment ou s’abiment dans le monde entier…

Les collectionneurs eux, récupèrent les disques et font leurs petites affaires.

Au Brésil, nation ou la musique est plus qu’une passion pour le quidam (avec le football bien entendu), un certain Zero Freitas amasse des tonnes de 45 et 33 tours. C’est une véritable obsession pour lui. À l’âge de 62 ans, l’homme d’affaires possède une collection de vinyles impressionnante. Plusieurs millions d’unités, en tripe ou quadruple exemplaires parfois. Du reste, sa dernière acquisition donne le tournis : trois millions de disques achetés en une fois, qui rejoignent désormais son entrepôt de quelque 2 500 mètres carrés. Le New-York Times s’en est fait l’écho il y a quelques mois.

Mais aujourd’hui, le disque renaît de ses cendres particulièrement grâce aux DJ, aux artistes souhaitant retrouver un son très pur à l’instar des Daft Punk avec l’album « Random Access Memories » ou de Jack White avec « Lazaretto ».

Aux Etats-Unis, un marché éteint revoit le jour. Les ventes d’albums vinyle étaient de 0,4 millions en 1993, pour passer en 2013 à plus de 6 millions ! (source Nielsen). Depuis, le chiffre grimpe encore. 

En Europe c’est pareil. Concernant les ventes de vinyles neufs, le SNEP (Syndicat National de l’Industrie Phonographique) livrait dans son bilan de l’année 2014 -concernant les ventes de supports neufs- : « en France, 514.000 vinyles neufs ont été vendus l’an passé (2014) soit une augmentation 42 % par rapport à 2013 et deux fois plus qu’un y a deux ans (230.000 en 2012) … Chez nos voisins anglais,  le niveau des ventes de vinyles est encore plus impressionnant et a représenté 1.3 millions d’unités en 2014, un chiffre jamais atteint depuis 1995 (source British Phonographic Industry), la tendance est aussi clairement à la hausse en Allemagne. Aux Etats-Unis où plus de 9 millions de galettes noires ont été écoulées en 2014, la progression est importante par rapport à 2013 avec une hausse de 50 % (source Institut Nielsen) ».

Pour revenir à Résinoplast à Reims, elle vient d’investir suite à une réflexion industrielle, dans une presse à disques aux capacités technologiques jamais inégalées. Du coup, l’objectif majeur est de proposer des innovations, des solutions à leurs clients producteurs en termes de process, et d’environnement. Grâce à leur procédé, il sera possible d’insérer un élément dans le disque (le composé) comme des tissus, des encres conductrices  et des hologrammes sans altérer la qualité d’écoute.

De plus, la société rémoise est productrice de matière première «sans plomb », notamment face aux Etats-Unis qui n’adhèrent pas tout à fait à ce défi important pour la protection de l’environnement. Enfin, le recyclage tient une place importante dans cette production de vinyle, comme le rapporte encore Pierre-Henri Constant -directeur-général de Résinoplast- puisque les rebuts de la chaine de fabrication du disque, sont récupérés pour être transformés en un objet du quotidien surprenant…

En effet, qui aurait pu imaginer hier -au temps de l’âge d’or du vinyle- que le XXI è siècle qui suivrait la disparition de la galette noire à sillon, serait non seulement celui d’un formidable « revival » du disque, mais aussi celui de son recyclage… en tuyaux d’arrosage !


 

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