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Brésil : le retour raté de Luiz Inacio Lula ?

L’ex-président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, l’homme qui avait accompagné le boom socio-économique du Brésil entre 2003 et 2010 a été nommé chef de cabinet de la présidente Dilma Rousseff, mercredi 16 mars. L’ancine leader brésilien se trouvait à ce moment même au cœur du scandale de corruption de la compagnie d’hydrocarbures nationale Petrobras qui empoisonne le Brésil depuis deux ans. Aussi, certaines voies se sont levées afin de dénoncer le fait qu’avec cette nomination, l’ex-leader du Parti des travailleurs (PT) ne pouvait plus, en tant que ministre, être condamné par le juge Sergio Moro qui dirige l’enquête « Lava-Jato » (littéralement « karcher ») sur les malversations au sein de l’entreprise pétrolière.

Cette nomination ne promet néanmoins pas d’être longue : quelques heures après l’annonce, le juge fédéral a mis le feu aux poudres dans la soirée en rendant public l’enregistrement d’une conversation téléphonique entre Mme Rousseff et Lula. La présidente y informe son prédécesseur (2003-2010) et mentor politique qu’elle va lui faire parvenir rapidement son décret de nomination. « Ne t’en sers qu’en cas de nécessité », lui dit-elle. Dans d’autres écoutes téléphoniques, Lula dit s’attendre à une opération de la police lundi prochain à son domicile de Sao Paulo. Ces deux extrais ont été largement interprétés comme la confirmation que l’un des objectifs de la nomination de Lula au gouvernement était de le protéger contre un éventuel placement en détention.

Des manifestations d’indignation ont éclaté mercredi soir au Brésil après la diffusion de l’écoute judiciaire. Des milliers de Brésiliens indignés ont afflué dans la soirée devant la présidence de la République à Brasilia et dans la capitale économique Sao Paulo. Des concerts de casseroles ont retenti dans les quartiers aisés de Rio de Janeiro. A Sao Paulo, la foule s’est massée sur la grande avenue Paulista, au pied du gratte-ciel abritant la puissante Fédération des industries de Sao Paulo (Fiesp). De nombreux internautes avaient ironiquement repris en boucle sur les réseaux sociaux une célèbre phrase prononcée par Lula en 1988 quand il était syndicaliste : « Au Brésil, quand un pauvre vole, il va en prison. Quand un riche vole, il devient ministre ! »

En marge du tumulte, le Tribunal suprême a fixé mercredi les règles du cheminement de la procédure de destitution lancée en décembre contre la présidente de gauche à l’initiative de l’opposition de droite.

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