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Idriss Déby à la tête de l’Union africaine : les raisons de cette décision

L’année commence fort pour Idriss Déby. À 63 ans, le président tchadien est actuellement en campagne et brigue un cinquième mandant à la présidentielle du pays qui devrait se tenir le 10 avril. A la tête du Tchad depuis 25 ans, cette potentielle réélection n’est pas du goût de tous les citoyens du pays, certains réclamant l’arrivée d’une alternance au pouvoir. Sous le feu des critiques depuis plusieurs semaines, le président tchadien s’est pourtant vu accorder le poste de président de l’Union africaine le 30 janvier dernier par les président de la région Afrique centrale qui avaient cette année la charge de désigner la successeur du président zimbabwéen Robert Mugabe.

S’il est légitime de s’interroger sur les raisons d’une telle confiance, le bilan d’Idriss Déby à la tête du Tchad répond finalement à de nombreuses questions. Créée en 2002, rappelons que l’Union africain s’est fixée pour objectif de promouvoir la démocratie et le développement à travers l’Afrique, en favorisant notamment la progression des investissements extérieurs. En 2014, le Tchad connaissait une croissance de 7,2 %, cela malgré une économie mise à mal par de nombreuses crises. Si certains pays d’Afrique coulent, submergés par les conséquences que provoque la chute du prix du baril de pétrole, le Tchad arrive à garder la tête hors de l’eau. Alors que la désertification du pays s’intensifie et que Boko Haram est à l’origine d’une véritable crise agricole en menaçant l’ensemble des routes commerciales du pays, le Tchad continue de progresser et d’attirer les investisseurs étrangers.

Le gouvernement Déby a opté pour une libéralisation complète de son économie et a cherché à diversifier cette dernière afin de ne plus être dépendant des rentes rapportées par la vente d’hydrocarbures. Il a également décidé de capitaliser sur les infrastructures héritées de l’époque coloniale en s’engageant dans un programme de modernisation qui permet aujourd’hui à de nombreux pans de l’économie tchadienne de continuer de prospérer.

Une figure sécuritaire

Dès sa prise de fonction à la présidence de l’Union africaine, Idriss Déby a tenu à rappeler à l’ordre les dirigeants du continent africain en les incitant à tout mettre en œuvre pour garantir la sécurité en Afrique. « Notre organisation fonctionne toujours comme il y a 20 ou 30 ans. Nous nous réunissons souvent. Nous parlons toujours trop. Nous écrivons beaucoup. Mais nous n’agissons pas assez, et parfois pas du tout, a-t-il déploré. Nous n’anticipons pas assez. Nous attendons tout de l’extérieur. Cela doit impérativement changer si nous voulons faire changer le cours de l’histoire de l’Afrique. » déclarait le nouveau président de l’UA lors de son discours d’acceptation.

Le continent africain doit aujourd’hui faire face à de nombreuses crises, que ce soit au Soudan du Sud, au Burundi, en Lybie ou encore en Somalie. Pour Déby, le développement économique de l’Afrique ne peut s’envisager sans parvenir à instaurer la sécurité dans ces régions. Il n’hésite d’ailleurs pas à préconiser une intervention militaire de l’UA pour contenir la progression des tensions.

De nouveaux défis attendent dorénavant le président tchadien. En plus de convaincre son peuple de lui accorder un cinquième mandat lors de la prochaine élection présidentielle, Déby doit désormais mener à bien les missions de l’Union africaine. Cette nouvelle fonction profite à son image de candidat à sa réélection et donne à son action un rayonnement international. Au hasard des calendriers, la Providence fait parfois bien les choses.

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