Avec un résultat de 65,39% (2 015 889) des suffrages exprimés qui s’élèvent à 3 082 998 sur un total de 4 702 168 inscrits, Patrice Talon a remporté le second tour des présidentielles béninoises. Les premières tendances à la sortie des urnes, dimanche 20 mars en fin de journée, n’ont pas tardé à se transformer en certitude de victoire. Avant même l’annonce de résultats provisoires, le Premier ministre sortant du Bénin, Lionel Zinsou, a reconnu dans la nuit du dimanche au lundi 21 mars sa défaite à l’élection présidentielle face à l’homme d’affaires et « roi du coton » Patrice Talon. « J’ai appelé Patrice Talon ce soir pour le féliciter de sa victoire, lui souhaiter bonne chance et me mettre à sa disposition pour la préparation des dossiers de transition. J’ai eu une conversation cordiale avec lui », a déclaré le Premier ministre dans un message publié sur son profil Facebook.
Lionel Zinsou a toutefois salué « une campagne exceptionnellement sereine et calme, sans trouble ni tension » dans ce petit pays ouest-africain, premier État d’Afrique francophone à avoir entamé une transition démocratique au début des années 1990. Le Premier ministre a eu beau se présenter en fils du pays, en tenue traditionnelle sur ses affiches et pendant les débats télévisés, il n’aua su reporter le cœur des béninois. Au contraire, loin de convaincre, cela a semble-t-il conforté son image de parachuté. Candidature imposée par Thomas Boni Yayi, celle-ci valait, pour beaucoup de Béninois, un troisième mandat déguisé en faveur du président sortant. De plus, M. Zinsou, très proche de l’ex-premier ministre français Laurent Fabius dont il fut la plume, n’est jamais parvenu à gommer son image de candidat de Paris.
Son rival, Patrice Talon, entrepreneur au passé sulfureux – en octobre 2012, le président Thomas Boni Yayi avait accusé Patrice Talon d’avoir tenté de l’empoisonner lors d’un voyage en Belgique – avait obtenu dans l’entre-deux-tours l’appui de 26 candidats dont celui, déterminant, d’un autre homme d’affaires, Sébastien Ajavon, arrivé troisième lors du vote du 6 mars avec 22,3 % des voix. Cet ex-banquier d’affaires franco-béninois de 61 ans était arrivé en tête lors du premier tour du 6 mars d’à peine 100.000 voix, suivi de près par Patrice Talon (27,11% contre 23,52%). Il est à la tête de la première fortune béninoise (plus de 350 millions d’euros selon le magazine Forbes).