Le roi Felipe avait tenté un ultime round de consultations afin de former une coalition gouvernementale, mais les socialistes et le parti de la gauche radicale Podemos restaient inconciliables. Le plus gros point de blocage étant le rejet par les partis de gauche radicale d’une alliance avec les centristes de Ciudadanos. De fait depuis quatre mois – le résultat des législatives est tombé le 20 décembre dernier – l’Espagne n’a pas de gouvernement. Du jamais-vu depuis l’instauration de la monarchie de 1978.
Lors de ce scrutin, le Parti populaire (conservateur) au pouvoir depuis 2011 essuie une défaite, en passant de 44,6 % à 28,7 % des suffrages. Le Parlement est fragmenté entre quatre grands partis. Le Parti populaire a échoué à obtenir une majorité avec 123 sièges. Le Parti socialiste fait un score décevant avec 90 députés. Il a subi la concurrence féroce de Podemos, nouveau parti de gauche radicale crée en 2014, qui a obtenu 65 sièges. Autre nouveau venu, le parti libéral Ciudadanos affiche un résultat bien en-deçà de ses ambitions de vampiriser la droite, avec 40 députés.
Le Parti socialiste espagnol (PSOE) avait pourtant accepté l’accord proposé par Podemos, comportant des mesures d’urgence sociale ou de lutte contre la corruption, mais seulement en échange de la formation d’un gouvernement composé uniquement de socialistes et de personnalités « indépendantes. » Ce point de blocage aura finalement eu raison des négociations.
Felipe VI « a constaté qu’il n’a pas un candidat disposant d’appuis suffisants à la chambre des députés » pour obtenir l’investiture, entraînant la mise en œuvre de l’article de la Constitution qui prévoit des élections législatives, selon un communiqué du palais. « Faute de candidats, nous n’avons d’autre choix que d’élaborer un décret de dissolution du Parlement et visant à convoquer des élections, » a indiqué Patxi Lopez, le président du Congrès, lors d’une conférence de presse, après avoir précisé que cette formalité interviendrait le 3 mai.