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Panama papers : révélations sans précédent sur les sociétés offshore

11,5 millions de données confidentielles provenant des dossiers du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca spécialisé dans la domiciliation des sociétés offshore ont fuité. Ces documents abritent nombre de secrets, auxquels Le Monde et 106 autres rédactions dans 76 pays, coordonnées par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) de Washington ont eu accès. Ce scandale fiscal d’ampleur mondiale, désormais connu sous le nom « Panama papers » révèle les dessous de la finance offshore internationale, et met en cause nombre de personnalités mondiales, incluant des dirigeants politiques, des hauts fonctionnaires, des hommes d’affaires, des sportifs et des célébrités. Le président argentin, Mauricio Macri, le Premier ministre islandais, Sigmundur Davíð Gunnlaugsson, le roi d’Arabie Saoudite, Salmane Al Saoud, le président ukrainien, Petro Porochenko, ou encore le président des Emirats Arabes Unis, Khalifa bin Zayed.

La firme Mossak Fonseca a créé et administrée plus de 214.000 sociétés écrans dans des juridictions offshores. Ces entités ont pour but de dissimuler l’identité de leurs propriétaires réels. Ces derniers peuvent ainsi cacher une partie de leurs avoirs aux enquêtes fiscales de leur pays de résidence. Au terme d’une recherche systématique, l’ICIJ a dénoté la multiplication de création de sociétés offshore créées dans des pays où les impôts sont très faibles, voire inexistants. Cette pratique n’est pas en soi, illégale, cependant, est généralement très encadrée par les législations nationales. La réaction du cabinet ne s’est pas fait attendre : « C’est un crime, un délit », a déclaré à l’AFP Ramon Fonseca Mora, directeur et un des deux fondateurs de Mossack Fonseca. « C’est une attaque contre Panama car plusieurs pays n’apprécient pas que nous soyons très compétitifs pour attirer les entreprises. »

Avec plus de 100 000 sociétés dotées du fameux statut offshore d’International Business Corporation, totalement opaques et exonérées d’impôts, le Panama est considéré comme l’un des grands trous noirs financiers de la planète. Depuis deux ans, les leaders du G20, dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou la France, ainsi que l’état-major de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), exercent une forte pression diplomatique sur le pays, afin qu’il s’engage à passer à l’échange automatique de données fiscales à l’horizon 2018, comme l’ont déjà fait d’autres places fortes du secret bancaire. La Suisse, le Luxembourg, le Liechtenstein, Singapour et la quasi-totalité des petits paradis fiscaux des Caraïbes et du Pacifique (les îles Vierges britanniques, Samoa…) ont tous fini par capituler.

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