En poste depuis deux ans, le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a annoncé sa démission. En février, la fronde était montée dans les rangs du Parlement pour obtenir le départ d’Arseni Iatseniouk. L’ensemble de son propre camp réformateur l’accusant de saboter les réformes initiées par ses ministres.
Arseni Iatseniouk a annoncé dimanche sa démission du poste de Premier ministre de l’Ukraine. Le démissionnaire a laissé entendre que le président du Parlement ukrainien, Volodimir Groisman, pourrait lui succéder, alors que le même parlement doit avaliser sa démission mardi. Assurant avoir fait tout son possible pour « assurer la stabilité du pays et construire une transition aussi calme que possible », il a déclaré avoir « décidé de quitter mes fonctions de Premier ministre de l’Ukraine. »
La grogne n’est pas affaire nouvelle. Il avait échappé il y a moins de deux mois à une motion de censure du Parlement malgré l’appel du chef de l’État Petro Porochenko à sa démission. « La crise politique en Ukraine est alimentée artificiellement. La volonté de remplacer un homme a aveuglé les hommes politiques du pays et paralysé leur volonté de changements réels dans le pays », a-t-il dit à l’adresse des politiciens ukrainiens. M. Iatseniouk a cependant assuré que son mouvement restait attaché à la coalition au pouvoir.
Nommé chef du gouvernement en février 2014, dans la foulée du succès du mouvement pro-européen du Maïdan, Arseni Iatseniouk avait d’abord été très bien vu par les Occidentaux, rompant avec ses prédécesseurs aux passés et habitudes soviétiques. Alors que l’Ukraine est confrontée à une crise économique gravissime, sa politique de rigueur budgétaire drastique lui permet d’obtenir une perfusion indispensable du Fonds monétaire international (FMI).
Ses prises de position antirusses et son plaidoyer en faveur de l’adhésion à l’Otan, idée dont la popularité a bondi depuis 2014 en Ukraine, touchent la fibre patriotique d’une bonne partie de la population, ce qui permet à son parti Front national d’arriver en tête du scrutin proportionnel lors des législatives de fin 2014. La démission d’Arseni Iatseniouk ouvre la voie à un gouvernement totalement nouveau en Ukraine, qui devrait toutefois continuer sur une même politique pro-occidentale.
Selon les experts et les médias ukrainiens, l’un des plus importants changements pourrait concerner la ministre des Finances d’origine américaine Natalie Jaresko, appelée à partir. Elle pourrait être remplacée par l’ancien ministre des Finances slovaque Ivan Miklos, qui s’est déclaré prêt à rejoindre le gouvernement s’il est autorisé à garder sa citoyenneté slovaque et se voit garantir les mains libres pour combattre la corruption.