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Développement numérique : le nouveau paradoxe français ?

Les chiffres sont sans appel : 63% des entreprises françaises disposent d’un site Internet, seules 20% d’entre elles réalisent des achats en ligne, et 14%, des ventes, enfin, 17% seulement utilisent les réseaux sociaux (source : France Stratégie, janvier 2016). Parmi les raisons invoquées pour expliquer ce retard : des organisations rigides, un déficit de compétences numériques, des capacités d’investissement limitées, un manque d’implication des dirigeants… 46% des patrons de TPE se disent ainsi peu concernés par la transition numérique. En attendant, de nouveaux concurrents apparaissent, des secteurs doivent revoir leur modèle économique, la relation client change. S’y ajoutent des transformations sur le marché du travail. Tandis que la frontière entre vies privée et professionnelle se brouille, 10% des travailleurs sont des non-salariés et 2,5 millions de personnes exercent plusieurs activités.

Pour y remédier, les projets de loi République numérique et réforme du travail prévoient deux nouveaux outils : un droit à la déconnexion et le compte personnel d’activité (CPA). Les entreprises évoluent en créant des filiales sur Internet, en se regroupant, ou encore en jouant le rôle d’incubateurs pour de jeunes pousses. L’organisation du travail y devient plus collaborative, moins hiérarchique. La future Grande Ecole numérique devrait former, d’ici 2017, 10 000 personnes par an à ces métiers. Dans le domaine de la modernisation digitale de l’Etat, la France a gagné quatre places en 2015 et se hisse au 13e rang européen, même si des progrès restent à accomplir. C’est l’une des missions confiées à l’Agence du numérique. Au niveau local, de nouveaux services publics numériques se multiplient et dessinent la ville de demain.

La France change mais prend son temps. Un retard qui, à l’ère de l’immédiateté, peut coûter cher. Si le numérique devrait créer 2,1 millions d’emplois dans les pays industriels, il devrait aussi en détruire 7 millions. Qui seront les gagnants et les perdants ?

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