Site icon La Revue Internationale

Élections au Tchad: le Conseil constitutionnel valide la réélection d’Idriss Déby Itno

Mardi 3 mai, le Conseil constitutionnel tchadien a rendu son avis : les résultats du premier tour des élections présidentielles qui s’est tenu le 10 avril sont valides. La participation s’est élevée à 76,11 %.  Idriss Déby arrive en tête avec 59,92 %, dès le premier tour. Il est suivi de Saleh Kebzabo, chef de file de l’opposition, avec 12,77 %, Laoukein Kourayo Médard avec 10,61 % et Joseph Djimrangar Dadnadji avec 5,4 %. L’ancien Premier ministre Kassire Coumakoye, arrive en cinquième place avec 1,99 % des suffrages.

Une élection contestée

Six opposants à IDI, Saleh Kebzabo, Joseph Djimrangar Dadnadji, Mahamat Ahmat Alhabo, Laoukein Kourayo Médard, Brice Guedmbaye Mbaimona et Gali Ngothé Gatta, ont annoncé le 29 avril qu’ils formaient un recours pour contester la validité de ces résultats. Le Conseil constitutionnel a dû le rejeter pour vice de forme. En revanche, il a indiqué avoir traité les 19 000 procès-verbaux qui lui ont été transmis par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). 2 000 procédures ont ainsi été annulées pour diverses irrégularités.

Au coeur de leur revendication, les opposants font valoir que ces résultats « ne reflètent pas la réalité » et dénoncent « une discordance entre les résultats affichés sur les procès-verbaux et ceux annoncés par la Céni ». Le Premier ministre Albert Pahimi Padacké a prôné un retour au calme en appelant l’opposition à respecter à la décision du Conseil constitutionnel. Mais l’opposition n’entend pas s’arrêter là et parle même de la création d’un gouvernement de salut public : « Nous ne reconnaitrons pas toutes les institutions qui seront issues de cette mascarade électorale et c’est légitime de notre part, soutient le chef de l’opposition. Et je pense qu’il faut aller loin, il faut être cohérent, il faut avoir un discours politique juste et c’est pour cela que nous avons dit que, ce faisant, nous allons constituer un gouvernement de salut public – qui veut bien dire ce qu’il veut dire – le moment venu. »

Cinquième mandat pour IDI

Face à une opposition qui peine à se rassembler, IDI était donné favori. Mais plusieurs observateurs s’attendaient à ce qu’un second tour doive être organisé pour départager les candidats. IDI a en effet reculé en termes de pourcentages par rapport aux élections précédentes. En 2011, le chef de l’État avait été réélu à plus de 88 % des voix. Passant dès le premier tour, son score reste honorable et montre l’adhésion des Tchadiens aux positions du chef de l’État, qui s’est efforcé de sortir le pays de la guerre civile pour lui permettre de développer tout son potentiel économique.

Une politique de long-terme qui a porté ses fruits puisque dans sa dernière version parue en 2015, l’Africa Performance Index (API) – outil de notation et de classement des institutions du secteur public en Afrique –  classe le Tchad à la troisième place. Le rapport souligne notamment que « l’amélioration de l’orientation budgétaire du pays et les mesures significatives de réduction de la dette (…) ont permis à la machine économique et financière du Tchad d’opérer dans le bon sens ».

Bilan économique : le Tchad tient bon

Après avoir misé sur l’exploitation des matières premières dont le sol tchadien est très riche, IDI a réorienté sa politique vers une diversification pour s’émanciper de la seule dépendance aux énergies fossiles. La chute du prix du baril entamée en 2014 s’est ainsi moins fait ressentir au Tchad, alors que les pays voisins luttent pour limiter leurs pertes et maintenir leurs exportations. Le Tchad enregistre ainsi la plus grosse croissance du PIB par habitant, 7,3% de 2011 à 2015, face à des pays pourtant économiques plus avancés (Congo, 6,8%, Nigeria, 6,3%, Cameroun à 5,9% et Gabon à 4,3%).

Le secteur des énergies reste prédominant dans l’économie tchadienne. Mais un virage vert est en train d’avoir lieu pour sortir de la rente hydrocarbure. De gros investissements ont été réalisés dans les parcs éoliens et photovoltaïques, afin de tirer profit du climat régional et de permettre d’inscrire les progrès du pays dans la durabilité. Un objectif que le Tchad a réaffirmé à l’occasion de la Conférence de Paris de 2015 sur le climat (COP 21) où le pays a pris l’engagement de réduire de 50% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.

Quitter la version mobile