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Le Venezuela s’enfonce dans la crise

Les esprits s’échauffent au Venezuela. Le Parlement du doit débattre aujourd’hui la décision du gouvernement d’accroître ses pouvoirs en matière sécuritaire, alors que le ton devrait encore monter entre le président Maduro et l’opposition qui appelle à descendre dans la rue mercredi. Lundi soir, le pays a fait un pas de plus vers l’autoritarisme, après la publication du décret prolongeant « l’état d’exception et d’urgence économique » mis en place depuis la mi-janvier par Nicolas Maduro. Ce décret étend durant 60 jours les prérogatives du gouvernement en matière de sécurité et de distribution alimentaire : l’armée et la police ont désormais pour ordre de « garantir la distribution et la commercialisation des aliments et produits de première nécessité ».

Le bras de fer entre chavistes (du nom du président défunt Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013, et mentor de Nicolas Maduro) et anti-chavistes s’est intensifié depuis que l’opposition a rassemblé, début mai, 1,8 million de signatures pour lancer le processus du référendum pour révoquer le président. De fait, Maduro est un président plus fragile que jamais. Dans les rues de Caracas, la foule des opposants, drapeaux jaunes à la main, grandit chaque jour. Tous dénoncent la situation économique catastrophique et réclament la destitution du président (180% d’inflation en un an). Alors que le pays sombre dans le chaos au milieu des coupures d’électricité quotidiennes, des services publics opérationnels uniquement deux jours par semaine, des pillages de commerces, des protestations et des lynchages, la tension continue de monter. Dans un des pays le plus violents du monde, la crise économique et politique qui secoue le Venezuela ne fait qu’exacerber les tensions sociales.

Alors qu’on attend pour aujourd’hui les précisions de la part du gouvernement vénézuélien sur cet état d’exception, Nicolas Maduro accuse toujours l’opposition et derrière elle les Etats-Unis de fomenter un complot pour le renverser. Dans la ligne de mire du président vénézuélien, les entreprises privées comme le groupe Polar, géant de l’agroalimentaire, qui selon lui sabotent l’économie du pays. Mais à mesure que la contestation grandit, l’affaire prend des dimensions géopolitiques. Ces derniers jours, le président et ses proches ont multiplié les mesures répressives et les déclarations incendiaires face à une « menace extérieure. »  Pour l’heure, Nicolas Maduro a ordonné la saisie des usines « paralysées par la bourgeoisie » et l’emprisonnement des entrepreneurs accusés de « saboter le pays. » Actuellement, les entreprises ne travaillent qu’à 43,8 % de leurs capacités. Pour sa défense, le patronat invoque la difficulté à obtenir les devises nécessaires pour payer les fournisseurs internationaux.

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