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Victoire du populiste Rodrigo Duterte aux Philippines

Ses outrances lui ont valu le surnom de « Donald Trump de l’Asie. » Il avait qualifié le pape de « fils de pute » l’accusant d’avoir provoqué des kilomètres d’embouteillages lors d’une visite dans l’archipel des Philippines, où 80% pourtant des habitants sont des catholiques fervents. Il avait aussi commenté le viol d’une missionnaire australienne en 1989 dans la ville de Davao, qu’il dirigeait déjà à l’époque, en affirmant : « Le maire aurait dû passer en premier. » Rodrigo Duerte a remporté l‘élection présidentielle indonésienne avec près de 5 millions de voix d’avance selon l’organisme de contrôle du suffrage. Il bénéficie de 38,6% des votes après dépouillement de 90% des bulletins.

Grace Poe, la fille adoptive de stars de cinéma, a rapidement concédé sa défaite. Duterte, maire de la grande ville de Davao, a aussi capitalisé sur son discours anti-délinquance. Sa méthode : tuer, selon son estimation, 100 000 délinquants et si le congrès n’approuve pas, il passera outre. « Oubliez les lois sur les droits de l’Homme ! », a lancé celui qui est accusé d’avoir organisé à Davao des escadrons de la mort qui auraient tué plus de mille personnes. « Si je suis élu président, je ferai exactement ce que j’ai fait en tant que maire. Vous, les dealers, les braqueurs et les vauriens, vous feriez mieux de partir. Parce que je vais vous tuer. »

Trois décennies après la révolution qui avait chassé Ferdinand Marcos, les détracteurs de Rodrigo Duterte ont mis en garde contre le risque de nouvelle phase de dictature et de turbulences. Mais à l’heure où la forte croissance de l’économie de l’archipel ne se traduit par aucune amélioration notoire du niveau de vie de la majorité des habitants – un quart des 100 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté – Rodrigo Duterte semble avoir tapé juste en dénonçant les échecs des élites. Malgré tout, les analystes s’attendent à ce qu’il mette de l’eau dans son vin une fois au pouvoir et estiment qu’une campagne de meurtres est peu vraisemblable. Earl Parreno, analyste à l’Institut de la réforme politique et économique, qualifie sa campagne de « coup de théâtre. »

Cependant, si les électeurs ne voient pas de résultats, ils seront déçus aussi rapidement qu’ils ont été séduits – supprimer la corruption et en finir, en six mois, avec la criminalité. Si, en revanche, ses actes se révèlent aussi violents que ses paroles, les institutions risquent de s’en trouver secouées.

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