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Lutte anti-tabac : luttons d’abord contre les préjugés

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Interdiction de la publicité en faveur de la cigarette électronique : encore un faux pas pour Marisol Touraine

Le gouvernement se trompe d’ennemi. Avec l’interdiction de la publicité pour les cigarettes électroniques, il contribue à priver les fumeurs d’un moyen efficace de réduire ou d’arrêter leur consommation de tabac traditionnel, c’est-à-dire avec une combustion. Cette nouvelle croisade de Marisol Touraine montre qu’elle mène une politique aveugle dans le seul but de stigmatiser les fumeurs. Pourquoi lutter contre la cigarette électronique ? Assimilé au tabac traditionnel pour justifier l’interdiction de sa publicité, le « dispositif électronique de vapotage », comme le nomme la loi de modernisation de notre système de santé, est pourtant loin d’avoir les mêmes effets pour la santé.

Et pour cause : si la « e-cig » contient bien de la nicotine, substance psycho active à l’origine de la dépendance, elle est dépourvue des substances cancérigènes contenues dans une cigarette et ne repose pas sur les mêmes processus de combustion. Elle ne comporte dès lors pas les mêmes risques pour la santé. Comme le rappelle simplement Gérard Dubois, président de la Commission Addictions de l’Académie nationale de médecine, « Le goudron cause les cancers, le gaz carbonique l’infarctus, la nicotine la dépendance. »

La nicotine, mauvais ennemi

Pourtant, de nombreuses méthodes pour arrêter de fumer se concentrent sur l’arrêt brutal de nicotine. Vaincre la dépendance pour lutter contre les risques sur la santé ? Les deux ne sont pourtant pas liés et continuer à inhaler de la nicotine sans combustion permet de réduire considérablement les risques sur la santé du fumeur tout en favorisant un sevrage progressif.

Sur le long-terme, une approche en termes de réduction des risques permet de mettre en valeur des produits qui concilient une réduction progressive des besoins en nicotine avec l’arrêt de la consommation de produits cancérigènes induite par la combustion. Aujourd’hui, la cigarette électronique ou les vaporisateurs et inhalateurs, moins connus, en dispersant de la nicotine à plus faible dose et sans combustion, remplissent la mission de libérer peu à peu le consommateur de sa dépendance à l’égard de la nicotine, tout en réduisant les effets néfastes pour sa santé, ainsi qu’en limitant les risques de rechute causés par un arrêt trop brutal. Pourquoi se priver de ces méthodes plus douces et efficaces ?

6 millions de personnes libérées du tabac grâce à la « e-cig »

Interdire la publicité pour la cigarette électronique, c’est colporter l’idée que ce serait un produit dangereux, tabou, qu’il faudrait cacher. C’est ignorer son potentiel et priver les fumeurs d’une alternative crédible, durable et qui a fait ses preuves. En somme, c’est mener l’inverse d’une bonne politique de santé publique. Le substitut nicotinique qu’est la cigarette électronique a en effet fait ses preuves dans l’accompagnement progressif vers le sevrage. Une récente étude réalisée par Eurobaromètre, le centre de statistiques de l’Union européenne, et menée auprès de 27 460 Européens, démontre que plus de 6 millions de personnes ont réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique. « Ce sont probablement les taux de sevrage et de réduction tabagiques les plus élevés jamais observés sur une population aussi large », remarque Konstantinos Farsalinos, co-auteur de l’étude.

Plutôt que sur l’usage de produits délivrant de la nicotine, cigarette électronique et autres produits sans combustion, les efforts du gouvernement devraient se concentrer sur une politique de prévention et de réduction des risques. Mais les autorités semblent l’entendre autrement et, en réduisant toujours plus la marge d’appréciation des consommateurs, ont décidé de poursuivre dans la voie contre-productive de leurs politiques répressives et stigmatisantes.

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