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« Nous pouvons réussir le combat contre le SIDA » estime Dominique Nouvian

Le 8 juin dernier se tenait, à New York, le sommet des Premières Dames d’Afrique contre le sida, en parallèle de l’événement mondial de l’ONU sur le sujet. Malgré des progrès réalisés ces dernières années pour limiter le risque de contamination, d’importantes disparités existent encore, notamment entre sous-régions africaines.

Fin 2014, on comptait environ 36,9 millions de personnes vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), le rétrovirus responsable chez l’Homme du syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA). L’Afrique subsaharienne, où 26 millions de personnes vivent avec le VIH, est la région la plus touchée au monde et concentre également près de 70 % des nouvelles infections. Ces dernières années, on observe pourtant que le nombre d’infections annuelles ralentit : en cinq ans, le nombre de nouvelles personnes infectées a diminué de près de 15 % dans l’est et le sud de l’Afrique, et de 8 % dans les sous-régions de l’Ouest et du Centre. Sauf que les améliorations diffèrent sensiblement d’une partie à l’autre du continent.

Disparité

Alors que l’Afrique du Sud a mis en place une politique volontariste de lutte contre le VIH/SIDA, en prévoyant par exemple la prise systématique d’antirétroviraux pour les femmes séropositives enceintes, ou encore en lançant des campagnes de dépistage auprès des prostituées, l’Afrique occidentale et centrale reste la grande oubliée. Selon un rapport de Médecins sans frontières (MSF) publié en avril dernier et intitulé « le prix de l’oubli », cinq millions de personnes contaminées par le VIH, soit trois personnes atteintes sur quatre, n’ont toujours accès à aucun traitement dans l’ouest et le centre du continent.

La raison de cette disparité s’explique par la priorité qui a été donnée à la forte prévalence du virus au détriment du taux d’infection. Ainsi, l’Afrique du Sud et le Swaziland, où respectivement 19 personnes sur 100 et 28 personnes sur 100 sont séropositives, concentrent l’aide internationale et les politiques publiques volontaristes. En revanche, l’Afrique occidentale et centrale, où la prévalence est beaucoup plus faible (un peu plus de deux personnes sur 100 sont atteintes du virus), a le taux d’infection le plus élevé. C’est en effet dans cette sous-région africaine que naissent 45 % des bébés infectés par le virus. Parmi eux, neuf enfants sur dix ne reçoivent aucun traitement.

« Coalition mondiale »

La lutte contre la transmission mère-enfant est au cœur de la politique d’éradication du VIH/SIDA. L’Organisation des Premières Dames d’Afrique contre le SIDA (OPDAS), réunie le 8 juin dernier à New York en marge du sommet de l’ONU, a décidé de concentrer sa nouvelle stratégie sur la jeunesse, particulièrement exposée au risque de transmission – et pourtant cruciale pour l’avenir. Les Premières Dames d’Afrique, mais aussi d’Amérique latine et d’Asie-Pacifique, se sont engagées à « travailler avec et pour les adolescentes et les jeunes femmes, afin de leur permettre de réaliser leur plein potentiel, de créer un environnement sûr et prospère, de bien-être et de bon état de santé », tout en concentrant leurs efforts pour « une Afrique sans VIH et sans SIDA, sans mortalité maternelle et infantile ».

Dans un discours jugé par beaucoup comme « historique », Dominique Nouvian, l’ambassadrice spéciale de l’ONUSIDA pour l’éradication de la transmission mère-enfant, a rappelé qu’ « il nous faut redoubler d’efforts en matière de prévention et d’accès au traitement antirétroviraux (ARV) des jeunes et adolescents, notamment les filles, au risque de compromettre l’avenir de nos nations respectives, puisque les jeunes constituent le fer de lance pour le développement de nos pays. » La Première Dame de Côte d’Ivoire a également tenu à affirmer que « nous pouvons réussir ce combat en créant une coalition mondiale : gouvernements, partenaires techniques et financiers et société civile ». Madame Nouvian a par ailleurs exprimé sa détermination à ce que « la pérennisation des acquis soit une réalité dans notre pays et dans la sous-région, en réduisant considérablement notre dépendance financière vis-à-vis de l’extérieur et en permettant à l’Afrique de ‘‘produire son médicament’’ ».

Objectif 2020

Si l’entrain et l’entraide semblent partagés par de nombreux pays – mais pas que – pour éradiquer effectivement le virus, certains problèmes, comme le dépistage, demeurent. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), seulement 54 % des personnes infectées par le VIH connaissent leur statut. Autre point noir : la chaîne de prise en charge et de suivi du malade, du dépistage à la prise régulière du traitement, est inefficace, faute de moyens mais aussi à cause de l’éloignement géographique et du manque d’information dont disposent les patients. « Tant que le système ne sera pas bien huilé en termes de transversalité, on aura des difficultés et on va perdre certains patients qui ne reviendront pas chercher leurs résultats et qu’on ne retrouvera jamais », déplore ainsi le professeur Serge Eholié, spécialiste des maladies infectieuses à Abidjan (Côte d’Ivoire).

Malgré les problèmes persistants, l’ONUSIDA et MSF croient qu’il est possible d’atteindre l’objectif 90/90/90 fixé pour 2020 à l’échelle planétaire : 90 % des personnes vivant avec le VIH connaissant leur statut sérologique ; 90% de ces malades sous antirétroviraux ; 90% d’entre eux sous traitement de qualité optimale.

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