Vedette des réseaux sociaux au Pakistan, Qandeel Baloch a été assassinée par son frère qui ne supportait pas son attitude et ses vidéos postées sur Facebook. Cette jeune femme de 20 ans revendiquant haut et fort sa liberté. Elle illustre tragiquement la tendance au crime « d’honneur » dans un pays profondément marqué par le patriarcat.
Le frère de Qandeel Baloch, jeune Pakistanaise star des réseaux sociaux assassinée vendredi, a été arrêté samedi. Il a reconnu avoir drogué sa sœur, avant de l’étrangler pour des raisons d’ « honneur. » « Bien sûr que je l’ai étranglée », a déclaré dimanche Muhammad Wasim lors d’une conférence de presse organisée par la police. « Elle était au rez-de-chaussée et nos parents dormaient sur le toit. Je lui ai donné un comprimé, puis je l’ai tuée », a-t-il déclaré. « Je n’éprouve aucun état d’âme pour ce que j’ai fait, elle avait un comportement complètement intolérable. »
Souvent comparée à la starlette américaine Kim Kardashian, la jeune femme dont le vrai nom est Fauzia Azeem, était aimée d’une grande partie de la jeunesse pour sa façon d’aller à l’encontre des tabous en même temps qu’elle était décriée par les conservateurs. Elle apparaissait régulièrement dans des vidéos ou sur des selfies – soigneusement coiffée et maquillée – dans des poses décomplexées.
Qandeel avait notamment défrayé la chronique à la Saint-Valentin en s’affichant dans une robe pourpre décolletée, se moquant ouvertement de l’appel du président pakistanais à se détourner de cette « fête occidentale. » Plus récemment, elle avait tourné en ridicule un important dignitaire religieux, posant avec lui en minaudant, provoquant sa suspension d’un comité religieux. L’annonce de la mort de la jeune femme suscitait de vives réactions sur internet samedi au Pakistan. Une pétition en ligne intitulée « Pas un pays pour les femmes audacieuses », dénonçant son sort, a récolté près de 2 000 signatures et de modestes rassemblements ont eu lieu en son honneur, notamment à Lahore.
Plusieurs conservateurs ont riposté, faisant écho aux déclarations du frère meurtrier, en affirmant que la jeune femme n’avait pas laissé à sa famille d’ « autre choix. » Un avis que ne partage pas son père, Azeem Ahmad : « Ma fille était innocente, nous sommes innocents. Nous voulons la justice. Pourquoi ma fille a-t-elle été tuée ? », a-t-il lancé à la presse. C’était ses revenus collectés sur internet qui payaient le loyer familial.