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La culture d’avocat menace-t-elle l’environnement au Mexique ?

L’avocat est une plante de plus en plus rentable. Aussi, certains l’ont surnommé l’or vert. Pourtant, son bilan écologique est loin de l’être. La production mondiale d’avocats représente 3,1 millions de tonnes par an, soit 98 kilos par seconde. Le Mexique en est le premier producteur mondial (30% de la production mondiale), et la culture de ce fruit est en train de sérieusement affecter l’environnement du pays d’Amérique centrale. Ce dernier a décidé d’accroître la superficie des champs de culture de ce fruit dont la demande mondiale ne cesse de croître – au détriment de ses forêts de pins.

Cet engouement nouveau est dû à une véritable flambée du prix de l’avocat. En janvier, le kilo coûtait 16 pesos (0,80 euro) en supermarché. Ces derniers jours, la cote a grimpé jusqu’à 80 pesos (presque 4 euros). L’un des facteurs décisifs expliquant cette hausse soudaine est une augmentation sensible de la demande aux Etats-Unis (+ 25% en 2015). La tendance est aussi haussière dans le reste du monde : on estime que la demande augmentera de plus de 10% dans les prochaines années.

Le Mexique, en tant que principal pays producteur, se trouve dans l’obligation de s’adapter à la croissance attendue de la demande mondiale. Cela a poussé nombre d’agriculteurs à la destruction de parcelles entières de forêts de pins dans le but d’accroître la superficie des plantations d’avocats. Ce dérapage est dû au fait que plus de la moitié de la production est exportée. La France joue son rôle dans le phénomène : elle est le second importateur d’avocats mexicains, après les Etats-Unis.

Mais le Mexique n’est pas étranger à cette explosion non plus. En 2013, les 19 000 producteurs mexicains et les 46 entreprises exportatrices d’avocats se sont fédérés au sein d’Avocados from Mexico, afin de promouvoir leurs produits à travers le monde.

« Les agriculteurs plantent clandestinement des avocatiers au milieu des pins, explique Victor Manuel Coria, directeur de l’Institut national de recherches forestières, rattaché au ministère de l’agriculture. C’est une opération de fourmis sur plusieurs années. Petit à petit, ils coupent les branches, puis les troncs séchés ». En plus de fragiliser les écosystèmes, et de menaces les espèces qui y vivent, cette déforestation sauvage accroît le taux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. A cela il faut ajouter les émanations du fait du transport des fruits vers différents continents. Un facteur qui non seulement favorise mais aggrave les effets du changement climatique.

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