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Blackout médiatique au Gabon

Samedi 27 Août, les Gabonais étaient appelés à élire leur président lors d’un scrutin à un tour. Depuis l’annonce de la réélection d’Ali Bongo, avec 49,8% contre 48,23% pour Jean Ping, le Gabon est en proie à de violentes émeutes. Ce très faible écart et des suspicions de tricheries ont entraînés de nombreux Gabonais à battre le pavé. La mobilisation de la population opposée au président Bongo, qui affirme s’être fait dérober la victoire, a dégénéré, et tourné à l’affrontement avec les forces de l’ordre. L’Assemblée Nationale a été partiellement incendiée et plus de 200 pillages ont été reportés par la police. Alors que le gouvernement a annoncé la mort d’un policier, samedi 3 septembre, l’opposition parle de 25 morts à Libreville. En outre, quelque 800 personnes ont été interpellées dans la capitale, selon les chiffres officiels.

Peu après le début des protestations, le quartier général de campagne du candidat de l’opposition Jean Ping a été pris d’assaut par la garde républicaine gabonaise. « Ils ont bombardé par hélicoptères, puis ont attaqué au sol », a déclaré Jean Ping qui affirme qu’au moins deux personnes ont été tuées et dix-neuf ont été blessées, dont certaines très gravement. « Ce scénario se répète depuis 50 ans » pour Jean Ping. « L’opposition gagne toujours les élections, mais n’accède jamais au pouvoir. Tout ce qu’ils peuvent raconter n’est que mensonge. Tout le monde sait que c’est moi qui ai gagné ces élections ». Force est de constater que la victoire du président sortant est suspecte : il l’emporte de justesse (à peine 5000 voies d’avance) grâce à un score stalinien dans sa province de naissance, le Haut-Ogooué : un vote « Bongo » à 95%, pour taux de participation de 99,93 %, contre 59,4 % au niveau national. Cela signifie aussi que seulement 50 personnes ne seraient pas allées voter sur les 71 714 électeurs inscrits.

Pour l’heure, le Gabon est coupé du monde. Les connexions Internet sont interrompues depuis mercredi soir, et les routes sont coupées et les ponts sont coupées à travers tout le pays. Le journal L’Union, très favorable au pouvoir, n’est pas paru depuis mercredi. « Nous avons fait l’objet d’un incendie. Nous ne pouvons pas travailler », a expliqué son directeur de la publication, Lin-Joël Ndembet. Les locaux de deux télévisions privées, Radio-Télévision Nazareth (RTN) et Télé Plus, ont aussi été attaqués et mis à sac « par des agents des forces de l’ordre cagoulés et fortement armés » selon le PDG de la première. Dans ce silence médiatique total, les Gabonais se replient sur les médias français comme RFI, France 24 ou TV5 Monde, dont les envoyés spéciaux se trouvent à Libreville mais sont absents en province.

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