Le conflit du golfe du Niger s’envenime au Nigeria. Le bras de fer de plus en plus brutal entre l’armée et les rebelles menace l’équilibre de la première économie d’Afrique, déjà fragilisé par la crise pétrolière.
Dans la nuit de lundi à mardi, le groupe Niger Delta Greenland Justice Mandate (Militants pour une justice sur les terres vertes du Delta, NDGJM), qui a pris les armes le 9 août, a déclaré dans un communiqué avoir attaqué un oléoduc de la Compagnie nationale nigériane des hydrocarbures (NPDC). Cet assaut intervient, selon le groupe, comme un acte de représailles à l’opération lancée par l’armée dans la région – l’opération « Sourire de crocodile » (Crocodile Smile). Les NDGJM ont fait savoir qu’ils ne reconnaissaient pas le cessez-le-feu et les propositions de négociations avec le gouvernement fédéral, annoncés par un groupe adverse, les Vengeurs du Delta (NDA).
Dernièrement, ces rebelles ont revendiqué un nombre croissant d’attaques sur des oléoducs du delta du Niger, au sud du pays. Ils reprochent au gouvernement de Muhammadu Buhari une mausaise gestion du pays, et une exploitation des ressources de la région. « Ce sera oeil pour oeil, dent pour dent désormais. A chaque atrocité commise pas l’armée dans les criques (…) les soldats auront face à eux les NDGJM », a menacé le groupe armé dans un communiqué. La semaine dernière l’armée nigériane a lancé l’opération Sourire de Crocodile près de la ville pétrolière de Warri. Elle a annoncé avoir tué cinq militants samedi dernier et en avoir arrêté 23 autres dans un raid.
Ces attaques affectent l’industrie pilier du pays. Selon des données compilées par Bloomberg, « la production d’or noir du premier producteur d’Afrique est tombée en dessous de 1,7 million de barils par jour (mbj) pour la première fois depuis 1994. […] Une production de pétrole à son plus bas niveau depuis 20 ans. » Après deux trimestres consécutifs de croissance négative, d’inflation galopante et des taux d’investissements étrangers historiquement bas, le pays est officiellement entré en récession, mercredi 31 août. « Au deuxième trimestre, le PIB a décliné de 2,06 % (sur un an) » après une baisse de 0,36 % au premier trimestre. Les augustes sont également peu encourageants : le PIB du Nigeria pourrait se contracter de 1,8 % cette année, selon le Fonds monétaire international.