Site icon La Revue Internationale

Relance du nucléaire au Japon, pourquoi l’atome séduit encore

Centrale nucléaire vs centrale thermique

Cinq ans après l’accident de Fukushima, le Japon semble plus que jamais décidé à faire repartir son industrie atomique. Le mois dernier, la société Shikoku Electric Power a redémarré le réacteur numéro 3 de la centrale d’Ikata, une mise en service qui est arrivée un an après la relance des réacteurs Sendai 1 et 2, situés au sud de l’île méridionale de Kyushu.

La catastrophe de Fukushima a forcé le Japon à prendre des mesures radicales vis-à-vis de sa filière nucléaire. Un an et demi après l’événement tragique, le gouvernement a annoncé sa volonté  d’arrêter progressivement sa production nucléaire, un engagement qui s’est concrétisé en 2013 par la fermeture de l’ensemble des centrales nucléaires dans le pays.

A l’époque, le gouvernement était déterminé à tourner le dos à l’atome, répondant ainsi à la pression sécuritaire qui étouffait alors le secteur énergétique nippon. Avec les 54 réacteurs nucléaires du pays à l’arrêt, qui produisaient 29 % de l’électricité nationale, le Japon s’est retrouvé dans l’obligation de compenser ces pertes en intensifiant son recours aux centrales thermiques, une solution de repli qui s’est avérée négative pour l’économie.

Depuis la fermeture des installations, le Japon ne cesse de creuser ses déficits commerciaux à coup de factures d’hydrocarbures toujours plus lourdes pour faire tourner ses centrales thermiques. De 24 milliards d’euros en 2011, le déficit commercial est passé à 97 milliards d’euros en 2014. L’après Fukushima a également fragilisé les entreprises japonaises, contraintes de ralentir leur activité pour faire face à une importante augmentation du prix de l’électricité, en hausse de 20 % depuis 2011.

Pour le gouvernement de Shinzo Abe, la relance de la filière nucléaire est en premier lieu motivée par des raisons économiques. Il s’agit pour le pays de retrouver une énergie abondante, bon marché et sur laquelle il est possible de s’appuyer sur la durée, un cahier des charges que le nucléaire est capable d’honorer.

Et même si le Japon mène une politique active en matière de développement des énergies renouvelables, leur intermittence nuit encore à leur compétitivité face à une énergie atomique dont la constance permet de stabiliser les réseaux électriques.

En relançant l’industrie nucléaire, le pays cherche également à réactiver des leviers de croissance. Les centrales nucléaires sont pourvoyeuses d’emplois et la construction d’un réacteur est généralement synonyme de subventions allouées à la ville hôte. Les acteurs du nucléaire nippon peuvent également espérer exporter une partie de leur production d’énergie.

19 réacteurs activés d’ici 2018

Malgré les divers avantages que présente l’énergie atomique, l’amorce d’une relance du nucléaire au Japon ne se fait pas sans provoquer un vaste mouvement d’opposition dans le pays, mené majoritairement par des groupes écologistes qui craignent un deuxième Fukushima.

Pour dissiper les inquiétudes, le gouvernement garantit que les réacteurs activés répondent désormais à de nouvelles normes. « Je souhaite que le redémarrage soit effectué en garantissant toute la sécurité qui doit être la première priorité » a déclaré Premier ministre pro-nucléaire Shinzo Abe lors du redémarrage de Sendai 1.

Le fonctionnement à plein régime des centrales thermiques pose qui plus est un problème environnemental majeur. Pour produire de l’énergie, ces installations utilisent la combustion du gaz, du charbon ou du fioul, des solutions qui provoquent d’importantes émissions de gaz à effet de serre (GES). Or, en signant l’accord de Paris de la COP21, le pays s’est engagé à respecter des objectifs strictes afin de réduire significativement son emprunte carbone.

Le gouvernement souhaite capitaliser sur le nucléaire, qui est neutre en CO2, pour atteindre son objectif et veut donner les moyens à la filière de produire 20 % de l’électricité nationale d’ici à 2030. Pour ce faire, le Japon dispose à l’heure actuelle d’un parc de 42 réacteurs en service mais pas en activité sur les 54 que comptait le pays avant Fukushima.

Selon IEEJ, un think-tank japonais spécialisé en énergie, 19 réacteurs pourront être réactivés d’ici à 2018, la part de l’énergie nucléaire représentera alors 15 % du mix énergétique national, à égalité avec les énergies renouvelables. Le think-tank japonais spécialiste du secteur de l’énergie, IEEJ affirme que 19 réacteurs pourront être redémarrés d’ici 2018.

Quitter la version mobile