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La situation toujours plus préoccupante dans l’Est de l’Ukraine

La déclaration est passée inaperçue mais pourtant elle est révélatrice de la situation préoccupante qui existe actuellement en Ukraine : fin août le président de la République François Hollande a déclaré œuvrer, avec la chancelière allemande Angela Merkel, à la reprise du dialogue entre les gouvernements ukrainiens et russes pour tenter d’enrayer l’escalade militaire qui s’y déroule. 

Une situation qui démarre en 2013

Pour rappel, la crise ukrainienne est née à la suite de la décision du gouvernement ukrainien de ne pas signer l’accord d’association avec l’Union européenne. De grandes manifestations se déroulent dans tout le pays, particulièrement dans l’Est où la région de Crimée déclare son indépendance puis son rattachement à la Russie. Depuis, le conflit ne cesse de s’enliser entre l’armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes qui s’affrontent sur une véritable ligne de front. 

Mais les grandes déclarations ne suffisent malheureusement pas. Face au refus de dialogue entre les présidents Petro Porochenko et Vladimir Poutine, les premières victimes restent avant tout les civils qui subissent la situation sur le terrain. En juin 2016, le ministère des Affaires Sociales ukrainien a ainsi publié des chiffres particulièrement révélateurs. Depuis le début du conflit en 2013, 3,7 millions de personnes ont été touchées et 9 500 en sont décédées. Cependant et depuis quelques semaines, ces chiffres ne cessent de grossir quotidiennement.

C’est le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) qui le confirme dans un rapport publié le 15 septembre dernier. Au cours des trois derniers mois étudiés, de mi-mai à mi-août, la mission des Nations-Unies a recensé 188 victimes civiles liées au conflit dans l’Est du pays, dont 28 morts et 160 blessés. En cause, des bombardements sur la zone de conflit mais aussi la présence de mines et explosifs éparpillés dans toute la région. Une situation de guerre dont l’organisation internationale s’inquiète qu’elle cause plus de ravages. 

Un conflit humanitaire

Au-delà du désastre en termes de victimes civils, c’est bien l’instabilité de toute une région qui est en cause. Près de 3,1 millions de personnes sont désormais dans une situation qui nécessite une aide humanitaire, principalement sur la ligne de front. Nombre d’organisations non gouvernementales (ONG) sont désormais présentes sur le terrain pour tenter d’assister les familles fuyant le conflit armé. 

Cependant, la difficulté réside dans l’accès aux zones de conflit qui sont les plus vulnérables. Or, ces zones sont hors contrôle. Une position partagée par Samuel Marie-Fanon, expert en aide humanitaire pour la Commission Européenne, qui explique que 40 % de l’aide humanitaire de l’Union Européenne est justement destinée à ces zones. Il est donc indispensable de savoir ce qu’il se passe dans ces zones qui semblent devenir des zones de non-droit, notamment concernant le respect du droit international humanitaire. 

En effet, il semblerait que les belligérants se livrent à des exactions dépassant n’importe quel cadre législatif. Peu avant l’été, l’Organisation des Nations-Unies (ONU) avait publié un rapport mettant en évidence une pratique plus qu’abusive des enlèvements et de tortures de civils par les services secrets ukrainiens les soupçonnant de sympathiser avec les milices pro-russes. Des accusations qui ont été relayées par plusieurs ONG qui ont demandé des explications à Kiev. Évidemment, le pouvoir en place s’est empressé de nier les faits.

Face à ces nombreuses inquiétudes, les avancées tardent à arriver. François Hollande a précisé que deux objectifs sont fixés pour la fin de l’année : la sécurité, « avec la démilitarisation progressive et l’établissement d’un véritable cessez-le-feu, contrôlé, vérifié par l’OSCE » et la tenue des élections à l’Est du pays, « dans le respect des lois ukrainiennes et des normes internationales ». Au regard de ce qu’il se passe, cela paraît tout de même très compliqué.
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