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L’Europe de l’Est de plus en plus dure sur la question des migrants

C’était pourtant écrit d’avance : le référendum hongrois, qui s’est déroulé le 2 octobre dernier, devait permettre au pays et à son Premier ministre Viktor Orban de se désolidariser des politiques européennes en matière d’accueil des réfugiés. Si le résultat lui a donné raison, avec 98,7 % des votants qui ont souhaité le rejet du plan de l’UE, le faible taux de participation, 40 %, invalide ce résultat. Un échec certes mais qui ne va pas remettre en cause la politique très dure menée par les pays d’Europe de l’Est en matière d’immigration avec en tête de gondole la Hongrie. 

L’immigration, un pan de l’Histoire de l’Europe de l’Est

Sur le fond, le plan européen de relocalisation des réfugiés mettait apparemment l’indépendance et la souveraineté nationale hongroise en danger. En effet, il est question pour le pays de Viktor Orban d’accueillir un peu plus de 1 200 personnes, qui se trouvent actuellement en Turquie et en Grèce, deux pays qui, eux, pourraient se permettre d’invoquer des problèmes avec l’accueil des migrants. Pourtant, l’immense majorité des hongrois, en tout cas ceux qui votent, rejette cette hypothèse en mettant en avant des explications historiques et culturelles. 

Si les sentiments de peur et de haines vis à vis des migrants s’attisent sur l’ensemble du vieux continent, ils sont particulièrement vivaces en Europe de l’Est. En cause, notamment en Hongrie, une Histoire marquée par les stigmates du Traité du Trianon de 1920 qui découpa l’Empire austro-hongrois et fit perdre à la Hongrie les deux tiers de son territoire et de sa population. Le sentiment de perdre une nouvelle fois son identité et sa culture « à cause » d’une immigration massive est donc encore très présent dans l’esprit de la classe politique et d’une partie de la population. 

Sauf que la Hongrie n’est pas considérée comme un territoire de sédentarisation pour les migrants. Il s’agit uniquement d’un lieu de passage, malgré un nombre de demandeurs d’asile qui a explosé l’année dernière s’établissant à 180 215. D’ailleurs une grande partie des hongrois n’ont jamais vu de migrants de leur vie, ces derniers se concentrant près des zones frontalières de l’Autriche. C’est ainsi dans cette partie de la Hongrie que les plus forts résultats contre le plan de l’UE ont été recensés, les habitants craignant prochainement une fermeture des frontières. 

Mais ce rejet des populations migrantes, un paradoxe pour un pays qui a vu une très grande partie de sa population fuir après la chute du bloc soviétique, est bien évidemment attisé par les instances dirigeantes qui n’hésitent pas à jouer sur les clichés et les fantasmes. Lors de la campagne du référendum, le gouvernement Orban a investi 12,9 millions d’euros pour promouvoir le non. Affiches anti-immigration, espaces et spots publicitaires dans les médias, les grands moyens ont été employés avec des messages violents. 

Un mur comme protection

Ce référendum n’était pas la première mesure employée pour réguler le flux des migrants. En septembre 2015, un « mur de la honte » s’est érigé aux frontières entre la Croatie, la Serbie et la Hongrie. Une clôture de barbelés qui s’est accompagnée de la fermeture pure et simple de la frontière hongro-croate un mois plus tard. Une situation dénoncée par tous, y compris par le gouvernement croate qui a fortement critiqué la politique de Budapest envers les migrants. Mais rien n’y fait et les mesures se sont accentuées depuis. 

Le mois dernier, Viktor Orban a annoncé la naissance d’unités spéciales chargées de défendre une partie de la frontière avec la Serbie pour se préparer à un « automne difficile ». Ces chasseurs, qui seront entraînés par la police, seront plus de 2000 pour patrouiller aux côtés des milliers de militaires déjà mobilisés sur le terrain. Les volontaires qui souhaiteront « servir leur pays » seront sélectionnés, tant sur leurs capacités physiques que psychologiques. 

Enfin ce référendum démontre le bras de fer engagé par la Hongrie face à Bruxelles pour maintenir sa souveraineté. Malgré un résultat négatif pour Viktor Orban, hors de question pour le premier ministre de s’incliner face aux mesures décidées par les instances européennes. Une position de plus en plus critiquée, qui a conduit le mois dernier le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, à appeler à l’exclusion rapide de la Hongrie de l’UE. Pas forcément la meilleure nouvelle pour les migrants. 
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