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Un troisième pays africain quitte la Cour pénale internationale

« A partir de ce jour, mardi 24 octobre, nous ne sommes plus membres de la CPI et avons entamé le processus prescrit par le statut fondateur pour nous en retirer », a annoncé Sheriff Bojang, Ministre gambien de l’Information. CE dernier a accusé la CPI de « persécution envers les Africains, en particulier leurs dirigeants », alors que selon lui « au moins 30 pays occidentaux ont commis des crimes de guerre » depuis la création de cette juridiction sans être inquiétés. La Gambie avait notamment tenté de convaincre la CPI de poursuivre les pays de l’Union européenne pour la mort de nombreux migrants africains en Méditerranée.

Depuis quelques jours, en effet, l’action de la Cour pénale internationale est en effet remise en question dans de nombreux pays du continent africain, ce qui s’est traduit pas le départ de trois pays : l’Afrique du Sud, le Burundi et la Gambie. Des poursuites internationales pour « crimes contre l’humanité » ne sont donc plus possibles dans ces états. Jamais un seul pays n’avait quitté cette institution depuis son entrée en vigueur en 2002. Le président de l’Assemblée des Etats parties au Statut de Rome, fondateur de la CPI, Sidiki Kaba, a exprimé son inquiétude : il craint que « ce troublant signal n’ouvre la voie à une cascade de retraits d’États africains ».

« Notre grande famille est en difficulté », a commenté Xavier-Jean Keita, chef du bureau des avocats à la Cour. Il estime que la décision de Banjul est « une attaque » directe contre la juridiction, « parce que sa procureure est de Gambie ». La volte-face du président gambien, Yahia Jammeh, qui avait il y a peu réitéré son soutien à celle qui fut sa ministre de la justice, est un sérieux revers. Dans une interview accordée en mai à l’hebdomadaire Jeune Afrique, le président gambien s’était pourtant démarqué des critiques de ses pairs africains envers la CPI et sa procureure. « Son job est difficile et, contrairement à ce que j’entends, la CPI ne vise pas spécialement l’Afrique », avait-il déclaré.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et le président de l’Assemblée des Etats parties au traité fondateur de la CPI, le ministre sénégalais de la Justice Sidiki Kaba, ont enjoint les pays mécontents du fonctionnement de la CPI à ne pas claquer la porte, mais à résoudre leurs différends par le dialogue.

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