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Arrêt des réacteurs nucléaires : il faut réseau garder

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Le groupe EDF a annoncé, la semaine dernière, en réponse à une demande de l’Autorité de sûreté nucléaire, son intention d’arrêter cinq réacteurs nucléaires entre les mois de décembre 2016 et janvier 2017. Comme souvent, les médias et l’ensemble de la blogosphère se sont mis à crier au loup et, en l’occurrence, à la pénurie d’énergie, de manière pas toujours justifiée semble-t-il. 

Après deux semaines de polémiques nucléaires, à en croire la Toile, les combinaisons de ski et les moufles ne vont pas tarder à faire leur apparition. Le blackout tant redouté serait tout proche, et nombre de Français risquent de grelotter sous la couverture, voire de s’enrhumer. Et ce à cause d’une alimentation énergétique capricieuse. Les chauffages des foyers français, en grande majorité électriques, dépendent logiquement de la production d’électricité nationale, composée pour les trois quarts d’énergie nucléaire. Or, selon certaines informations véhiculées dans la presse depuis plusieurs jours, la stabilité de la production nucléaire ne serait plus garantie. 

Pulls de Noël

Le groupe EDF, exploitant du parc nucléaire français, a effectivement stoppé la production de certains réacteurs – cinq exactement, en plus des réacteurs déjà en arrêt. Le but : réaliser les contrôles de sécurité demandés par l’ASN, concernant des pièces de réacteurs (les générateurs de vapeur) sur lesquelles des irrégularités dans la teneur en carbone auraient été repérées. Plusieurs unités ont déjà fait l’objet de ces vérifications et aucune n’a, à ce jour, montré de signes de faiblesse. 

Cela étant, ces contrôles sont nécessaires et doivent être réalisés dans les plus brefs délais. C’est-à-dire avant cet hiver, lorsque la demande d’électricité augmentera. Un mauvais timing qui fait craindre pour beaucoup une pénurie d’énergie et la panne sèche pour tous les chauffages de France et de Navarre. Une crainte justifiée ?

Les personnes frileuses ne pouvant envisager telle éventualité prendront sans doute, dès à présent, leurs précautions. Outre les traditionnels pulls de Noël, pas toujours très séduisants mais ô combien agréables à porter par grand froid, elles tenteront alors de limiter leur consommation d’électricité pendant les périodes de pointe. Elles veilleront également à ne pas cumuler le fonctionnement d’appareils électriques ; une machine à laver ou un lave-vaisselle peut bien attendre quelques heures après tout. 

RTE veille au grain

Voilà de bonnes résolutions. Qui pourraient, cependant, ne pas s’avérer si primordiales que cela. EDF, dans un communiqué de presse, a déclaré que tous les contrôles sur réacteurs seraient effectués d’ici janvier 2017. Soit avant la fin du premier tiers de l’hiver. S’inquiéter, par conséquent, ne servirait à rien. D’autant plus que notre pays reste très bien couvert contre le risque de pénurie d’énergie. 

La diversité des sources de production d’électricité en France (nucléaire, renouvelables, hydraulique et thermique) procure en effet au réseau de distribution une certaine souplesse. Les unités de production thermiques, particulièrement réactives, et les centrales hydroélectriques, à production variable (lors des lâchers d’eau par exemple), offrent notamment de bonnes alternatives en cas de pics de consommation. 

Le gestionnaire du réseau, RTE (Réseau de transport d’électricité), est responsable de l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité en France. Il travaille pour cela en collaboration avec les fournisseurs d’électricité dont, bien sûr, EDF. Les besoins en électricité sont anticipés plusieurs mois à l’avance, ce qui permet ainsi de réguler la production à la baisse ou à la hausse en fonction des saisons. En cas d’une baisse de la production nucléaire prolongée, RTE pourrait avoir recours aux autres sources d’énergies, mais également à l’importation. Si la France est, de manière générale, exportatrice d’électricité auprès de ses voisins européens, elle pourrait très bien, pour une fois, inverser la tendance et acheter de l’électricité sur le marché commun. De quoi raison garder. 

 
Crédits photo : francetveducation
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