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Front National : la question du financement russe

Alors que la Russie est accusée d’ingérer toujours plus dans les affaires politiques d’autres pays, notamment en Europe et aux Etats-Unis, le Canard enchaîné a publié cette semaine un courrier rédigé par Mike Turner, parlementaire républicain, suggérant qu’une banque russe a accepté de prêter pas moins de 30 millions d’euros au Front National. Cette nouvelle est venue relancer la polémique autour des financements étrangers du parti nationaliste. En effet, il avait déjà reçu 9,8 millions de dollars d’une banque russe liée au Kremlin, en 2014 – les dons des militants ne sont pas suffisants pour prendre en charge es dépenses des campagnes présidentielle et législative prévues en 2017.

Coïncidence ou non, en mai dernier, Mme Le Pen a déclaré dans une interview qu’en cas de victoire à l’élection présidentielle, elle reconnaîtrait la Crimée comme faisant partie du territoire russe. Devant les accusations, le parti réfute en bloc. « J’infirme totalement », a répondu le secrétaire général du parti, Nicolas Bay, le 22 décembre dernier sur Europe 1. La veille, Marine Le Pen avait elle aussi démenti toute conclusion de prêt. Cependant, Nicolas Bay n’a pas non plus exclu la piste russe pour un financement de son parti : « Jusqu’à maintenant, on n’exclut rien ». Le FN, cherchant toujours des financements, avait envoyé en mai dernier des demandes de prêt à 45 banques dans le monde, y compris en Russie.

Le Parti explique ces démarches par le fait que les banques françaises rechignent à lui prêter de l’argent pour financer ses campagnes électorales, en particulier depuis l’affaire Bygmalion. « L’effet Bygmalion est catastrophique pour tout le monde. À cause des tricheries de l’UMP, les banques sont encore plus réticentes », avait ainsi déclaré Florian Philippot en février. Cependant, les autres partis (y compris Les Républicains, ex-UMP) ne font pas face à de pareilles difficultés. Pour le moment, le FN n’a pas fourni de documents attestant du refus des établissements français. En 2014, le trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, avait publié les réponses aux demandes de prêt.

Un autre article, publié sur le site d’information Mediapart, développe sur les « intenses échanges » entre Timur Prokopenko, un responsable du Kremlin et un proche de Vladimir Poutine, le FN. Ce dernier a vu son téléphone hacker par des activités russes, qui ont révélé qu’il servait de lien entre un soutien indéfectible de Vladimir Poutine, Konstantin Rykov, et le parti nationaliste. Ce dernier voulait par exemple faire venir Marine Le Pen en Crimée, « comme observatrice » du référendum sur l’indépendance de la Crimée en 2014. C’est finalement Aymeric Chauprade, député européen FN, qui s’en chargera.

Considérant que Marine Le Pen « n’a pas trahi [leurs] attentes », les deux hommes ont alors convenu qu’« il faudra remercier les Français d’une manière ou d’une autre ». De quoi, en tout cas, éveiller quelques soupçons.

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