Site icon La Revue Internationale

Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara appelé à briguer un troisième mandat par sa famille politique

7652237884_8d25604d3f_b.jpg7652237884_8d25604d3f_b.jpg
Après trois semaines de grève et de mutinerie de ses fonctionnaires, la Côte d’Ivoire a vu la vague de revendications sociales retomber fin janvier. Si le calme est de retour dans le pays, l’épisode semble néanmoins avoir marqué la classe politique au pouvoir, qui a rapidement fait part de son souhait d’agir. Lors d’une conférence de presse organisée le 28 janvier, Augustin Ouattara, président de la Coalition des leaders du parti au pouvoir de Côte d’Ivoire (CLPP-CI), a en effet appelé Alassane Ouattara à briguer un troisième mandat à la tête du pays, rapporte l’Agence de presse ivoirienne. 
 
« Depuis que le Président Alassane Ouattara a rendu public sa volonté de quitter le pouvoir en 2020, le pays n’a plus connu de tranquillité car chacun de nos cadres pense être le meilleur acteur pour l’alternance du pouvoir en 2020, ce qui nous a conduit à ce désordre que nous avons constaté depuis un mois avec les mutineries et la grève des fonctionnaires, raison pour laquelle nous demandons au président Ouattara de rester encore au pouvoir pour cinq ans, le temps pour lui de bien organiser le pays », a déclaré le responsable de la CLPP-CI. Ce dernier a également ajouté qu’une telle démarche visait à « favoriser une alternance sans crise politique » au sommet de l’État, selon La nouvelle tribune.
 

Alassane Ouattara a prévu de s’arrêter en 2020

 
Réélu à la présidence de la République de Côte d’Ivoire en octobre 2015, Alassane Ouattara a jusque-là toujours écarté la possibilité de présenter sa candidature à un troisième mandat en 2020. « À l’occasion de mes 75 ans, ceci m’amène à réaffirmer que les institutions de la République qui seront mises en place très prochainement me permettront de prendre congé en 2020 », a-t-il encore déclaré le 4 janvier. 
 
La réforme de la Constitution, que le gouvernement a lancée en octobre 2016 avec adoption par référendum à plus de 93 % des voix, visait justement à préparer sa succession en renforçant et modernisant les institutions du pays. Censé garantir la stabilité politico-sociale et le maintien de la paix, le nouveau texte prévoyait notamment la création d’un poste de vice-président et d’un Sénat, l’assouplissement du principe d’ivoirité et la limitation à deux mandats présidentiels.
 

Une troisième mandat légal

 
Reste à savoir si, dans l’éventualité d’une candidature présidentielle, Alassane Ouattara serait éligible à un troisième mandat. D’après la nouvelle Constitution ivoirienne, le président doit être âgé de 35 ans au moins (sans limite d’âge), de nationalité ivoirienne et né de père ou mère ivoirien d’origine. Mais l’article 55 précise qu’il « n’est rééligible qu’une fois », empêchant en théorie toute possibilité légale de troisième mandat. Pourtant, comme le rapporte un article publié par Côte d’Ivoire News, Alassane Ouattara aurait le droit de se représenter sur le principe de la « non rétroactivité de la loi » votée le 30 octobre 2016. 
 
« Le pays s’est doté d’une législation toute neuve qui, par conséquent, fait fi des lois antérieures et du passé. Le chef de l’État pourrait très bien s’appuyer sur [c]e principe […] pour présenter sa candidature à l’élection présidentielle de 2020, d’autant plus que la limite d’âge pour être éligible a été supprimée dans la nouvelle constitution ivoirienne, » analyse Amani Georges, l’auteur de l’article. Selon lui, si Alassane Ouattara décidait de se représenter, il soumettrait probablement sa candidature à un référendum pour « éviter de passer aux yeux de l’opposition pour un dirigeant venu se maintenir au pouvoir ». À plus de trois ans de l’élection, l’exercice du pouvoir suprême fait en tout cas déjà l’objet de nombreuses spéculations…
 
Quitter la version mobile