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De l’urgence de traiter la question des pasdarans

Rappelons-nous. 1979. Le Shah d’Iran est renversé et le clergé confisque la révolution du peuple. Aussitôt, les usurpateurs appuient leur régime sur un principe de base ; celui du  velayat-e faqih (le règne absolu du clergé). Et ce principe induit beaucoup de choses. A commencer par le concept qui définit le chef suprême du clergé comme héritier du prophète et descendant direct du 12ème Imam Chiite. C’est sur ce principe qu’est assise l’autorité du guide suprême sur toute la nation.

Une menace latente trop méconnue

Mais cela va plus loin. Car la nation n’est pas déterminée, définie, au sens où nous l’entendons généralement dans nos pays démocratiques. Ici, la nation représente tous les musulmans. Il est très important que chacun d’entre nous comprenne ce point de départ très particulier. En tant qu’héritier du prophète, le guide suprême Iranien est la seule autorité compétente devant mener l’ensemble des musulmans. Par conséquent, il ne peut exister aucune frontière, aucun état-nation, aucun pays indépendant qui ne puisse échapper à cette vérité ecclésiastique, déterminée par la révolution islamiste Iranienne.

Partant de là, il est plus aisé de comprendre la volonté expansionniste du régime Iranien. Il est également plus facile d’appréhender les liens qui unissent et qui définissent, de manière presque symbiotique, la politique intérieure de l’Iran et ses velléités avouées de conquête extérieures. Le fondamentalisme Iranien repose exclusivement sur ce point. Et il est également l’explication majeure de la fabrication et de l’exportation du terrorisme au-delà des frontières du pays, ainsi que de l’ingérence de l’Iran dans les affaires arabo-musulmanes. Afin que nous puissions bien nous imprégner de ce concept, reprenons la citation de Mohammad-Javad Laridjani, conseiller en politique étrangère auprès du régime iranien, et qui décrivait ainsi la politique étrangère du régime islamiste le 7 août 1989 : « Nous avons une place majeure dans le monde de l’Islam. Il n’y a pas d’autre pays que l’Iran qui a la capacité de diriger le monde musulman. Et, cela représente un  rôle historique. »

Une détermination sans faille

Forts de leur concept et sûrs de leur foi, il ne restait plus aux chantres de la révolution islamiste qu’à inventer les outils permettant, dans un premier temps, la conquête du monde musulman, avant de déferler sur le monde tout entier. Et cet outil, c’est le corps des gardiens de la révolution islamiste, le CGRI. En d’autres termes, les pasdarans. Créé à peine trois mois après l’instauration du régime islamiste, le CGRI se dispense même du rattachement à l’Iran, jusque dans son nom. Notons qu’aucune référence n’est faite à l’Iran. C’est parce que le CGRI a vocation à étendre ses manœuvres bien plus loin que les frontières étatiques ne le laissent suggérer. Son mandat est international.

Pour corroborer ces propos, nous n’avons qu’à reprendre l’article 1, l’article 11 et l’article 47 des statuts du CGRI, rédigés en 1979. Ces derniers rappellent avec force que le CGRI dépend directement du guide suprême et que ses objectifs sont de « préserver la révolution islamique, » et de « réaliser les idéaux divins et d’étendre la souveraineté de la loi divine. » C’est on ne peut plus clair. Dans la pratique, le but défini ici est de préserver le pouvoir coûte que coûte, même si cela doit conduire à une terrible répression à l’intérieur des frontières et à un contrôle et à une influence toujours plus grande au sein des pays de la région. Les moyens utilisés seront ceux de la force. L’armée, les milices et les groupes terroristes seront donc formés et financés pour atteindre les objectifs fixés directement par le guide suprême.

« Le monde entier doit être certain que des Corps de Gardiens de la Révolution Islamique seront bientôt créés aux États-Unis et en Europe. »

Afin de finir de nous convaincre de la chose, voici deux extraits d’interview et de discours. Le premier nous vient du général de brigade Salar Abnoush, coordonnateur adjoint du QG Khatam-al-Anbia du CGRI. Il déclare dans un discours lors d’une cérémonie marquant la mort de pasdarans tués au combat : « Les adorateurs du velayat (Khamenei) sauront toujours obéir à son commandement et ne connaissent pas de limites dans la tâche de la protection de sa personne. » Ils ne connaissent pas de limite ! Il ajoute, « Le monde entier doit être certain que des CGRI seront bientôt créés aux États-Unis et en Europe ». Le second est Le général de brigade Ahmad Gholampour, un ancien chef des pasdaran. Ce dernier a déclaré dans un entretien avec l’agence de presse officielle Fars :  » L’armée [régulière] a pour mission de protéger les frontières géographiques de l’Iran. Mais le mot « Iran » n’apparaît pas dans le titre du CGRI. Cela signifie qu’il cherche à défendre la révolution islamique et ses acquis sans égard aux frontières géographiques. Cela va s’ajouter à notre travail et à nos responsabilités. Le CGRI a le devoir d’intervenir dans quelque endroit que ce soit où il détecte ou pressent un danger pour la révolution. Nous avons les mains libres de  nous impliquer dans n’importe quelle sphère géographique et dans tous les domaines de la vie politique, sociale ou culturelle. »

Si nous n’avions pas compris le message, il est désormais clair…

 

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