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Débat autour de l’interdiction des armes nucléaires à l’ONU

Lundi matin, à New York 123 pays ont entamé lundi à l’ONU des négociations visant à introduire un traité interdisant les armes nucléaires. Ils veulent produire « un instrument juridiquement contraignant d’interdiction des armes nucléaires conduisant à l[‘]interdiction totale [des armes nucléaires]». Pour les pays à l’origine de cette dynamique, il est crucial d’écarter le risque grandissant de conflit nucléaire – en particulier depuis la multiplication des provocations en Corée du Nord.

Ce processus inédit découle d’une initiative de l’Assemblée générale des Nations Unies en octobre 2016. La motion avait été portée par 113 Etats membres contre 35 (les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Russie et la plupart des pays de l’OTAN) et 13 abstentions, dont celle de la Chine et du Pakistan. Depuis, ces derniers ont annoncé leur refus de prendre part ces discussions. Plus étonnant, le Japon, seul pays à avoir subi, en 1945, des attaques atomiques, s’oppose à un tel traité, inquiet de voir l’absence de consensus « saper les avancées sur un désarmement nucléaire effectif ».

Avant même l’ouverture des discussions, l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Nikki Haley, entourés d’une vingtaine d’alliés de la première puissance mondiale dont le Royaume-Uni, la France et plusieurs pays est-européens, ont justifié lundi 27 mars leur opposition à un traité. Il faut rappeler que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unis (« le P5 », composé de la Chine, des Etats-Unis, de la France, du Royaume-Uni et de la Russie) sont tous dotés de l’arme nucléaire et d’un droit de véto.

« En tant que mère ou fille, il n’y a rien de plus important que je souhaite pour ma famille qu’un monde sans arme nucléaire, mais il faut être réaliste : y a-t-il quelqu’un qui croit que la Corée du Nord serait d’accord pour interdire les armes nucléaires ? », a avancé l’ambassadrice américaine. « Nous aimerions tous aujourd’hui qu’il y ait une interdiction des armes nucléaires, mais aujourd’hui nous ne pouvons pas dire honnêtement que cela protégerait nos habitants », a ajouté Mme Haley

« Il y a eu beaucoup d’efforts à la fin de la guerre froide, et puis ça s’est arrêté […] L’administration Obama a déçu, elle avait fait des promesses mais ne les a pas tenues. Maintenant les craintes sont exacerbées avec le nouveau président », déploré Beatrice Fihn, directrice de l’ICAN (International campaign to abolish nuclear weapons), une coalition internationale d’ONG mobilisées sur ce dossier.

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