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Le maintien de François Fillon lui coûte des soutiens

Mercredi 1er mars, François Fillon a confirmé qu’après un mois d’enquête préliminaire, le Parquet national financier a confié le dossier Penelope Fillon à trois juges d’instruction. En réaction à sa mise en examen, François Fillon, qui a annulé sa visite au Salon de l’agriculture, s’est livré à un délicat exercice de justification lors d’une conférence de presse à la mi-journée.  « Je ne céderai pas, je ne me retirerai pas (…) J’irai jusqu’au bout », a déclaré le candidat des Républicains à la presse. Pour lui, « l’Etat de droit a été systématiquement violé » il n’a pas été traité comme « un justiciable comme les autres ».

« Par ce déchaînement disproportionné, le choix du calendrier, ce n’est pas moi seulement que l’on assassine, mais aussi l’élection présidentielle », affirmait le candidat de la droite. « C’est effectivement un délai très court, mais qui peut s’expliquer par la spécificité de la situation », explique Nicolas Molfessis, professeur de droit privé à l’université Paris-II Panthéon-Assas et secrétaire général du think tank indépendant Le Club des juristes. « Concrètement, les juges ont pu s’appuyer sur le travail des enquêteurs et n’ont pas eu besoin de réaliser d’actes supplémentaires », expliquait-il auprès de franceinfo.

Le juriste évoque deux raisons à une procédure aussi rapide : la prescription liée à l’entrée en vigueur de la loi adoptée le 16 février et « un contexte de polémique sur la compétence du PNF sur la question des détournements de fonds publics ». En outre, dans un article analytique, franceinfo précise que le choix de la date du 15 mars entre « dans les clous de ce que fait la justice habituellement ». « Difficile d’imaginer, à moins de deux mois de la présidentielle, qu’une date, quelle qu’elle soit, puisse de toute façon lui convenir », ajoute l’article.

Cette défense de Français Fillon n’a pas convaincu tout le monde, tant dans l’opinion publique que dans son propre camp. Selon un sondage Harris Interactive réalisé à la suite de sa déclaration et publié jeudi par RMC et Atlantico, seules 25% des personnes interrogées étaint favorables à ce maintien. 83 % estiment qu’il n’était plus en position de remporter la présidentielle. Par ailleurs, 77% des Français ne souhaitent pas que « la justice fasse une pause des investigations visant à l’élection présidentielle » et 57% estiment que François Fillon a tort quand il dit ne pas « avoir été traité comme un justiciable comme les autres ».

Cette annonce a également provoqué une vague de démissions dans le camp du candidat. Pour rappel, celui-ci avait annoncé qu’il quitterait la course présidentielle en cas de mise en examen. Aussi, peu après 14 heures, dans un tweet, Bruno Le Maire a décidé de quitter l’équipe de campagne de François Fillon : « Je crois au respect de la parole donnée », explique l’ancien ministre de l’Agriculture. Selon Le Maire, «la parole donnée est indispensable à la crédibilité de la politique. Elle est la condition nécessaire pour mener sereinement les efforts de redressement de la France ».

Cette position a rapidement obtenu le soutien des proches du candidat aux primaires républicaines :  « Je partage et je soutiens [cette] décision», a ainsi écrit Franck Riester, député-maire LR de Coulommiers ; « Je comprends et je soutiens la décision de Bruno Le Maire », a tweeté de son côté Laure de La Raudière, députée d’Eure-et-Loir. Le député-maire de Reims, Arnaud Robinet a lui aussi annoncé son retrait de la campagne. « J’approuve totalement la position courageuse et digne de Bruno Le Maire », a enfin déclaré Yves Jego, le premier vice-président de l’Union des démocrates et indépendants (UDI).

Plus tard dans la journée, c’est tout le parti qui menace de claquer la porte. Jean-Christophe Lagarde, président du parti centriste a décidé de « suspendre » la participation de son parti à la campagne de François Fillon. « Je réunirai la semaine prochaine le bureau exécutif de l’UDI afin que nous prenions une décision collective », a-t-il expliqué. Certaines défections ont également eu lieu parmi les prochess d m’ancien primier ministre, à l’image de Sébastien Lecornu, directeur adjoint de la campagne de François Fillon, qui a remis sa démission jeudi matin. Le juppéiste Vincent Le Roux, conseiller de François Fillon, aurait également démissionné.

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