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Le Procès de Blaise Compaoré s’ouvre au Burkina Faso

Ce jeudi 27 avril, à la Haute Cour de justice de Ouagadougou, a appelé Blaise Compaoré à comparaître. Il est poursuivi en tant que ministre de la défense – il cumulait ce poste avec ses fonctions présidentielles lors des faits. L’ancien dirigeant burkinabé sera néanmoins absent du box des accusés, comme il vit en exil en Côte d’Ivoire depuis sa chute. Compaoré sera donc poursuivi en contumace. Ce procès se fera également sans les victimes, qui ne peuvent se porter parties civiles devant la Haute Cour– la seule habilitée à juger les membres du gouvernement pour les crimes commis dans l’exercice de leur fonction.

Pour ce procès, la quasi-totalité des ministres du gouvernement de Luc Adolphe Tiao – son Premier ministre à l’époque – comparaît pour leur implication présumée dans la répression de l’insurrection populaire d’octobre 2014. Ils sont poursuivis pour « complicité d’homicide volontaire » et « coups et blessures volontaires ». Il leur est concrètement reproché d’avoir pris part au conseil des ministres du 29 octobre 2014 où « il a été décidé de prendre une réquisition complémentaire spéciale faisant appel à l’armée pour maintenir l’ordre avec usage d’armes à feu. » D’après les sources officielles, 33 personnes ont trouvé la mort lors de cette répression, et plus de 600 personnes furent blessées.

Chassé du pouvoir le 31 octobre 2014 par des milliers de manifestants, alors qu’il essayait de modifier la constitution pour prolonger un règne de pas moins de vingt-sept années, il avait en effet sollicité « le concours de l’armée en soutien aux forces de l’ordre, qui étaient épuisées par plusieurs jours de maintien de l’ordre lors des précédentes manifestations de l’opposition ». En parallèle, le président a demandé à son Premier ministre d’élaborer une « réquisition complémentaire spéciale » permettant l’intervention de l’armée pour maintenir l’ordre public et autorisant les forces de défense et de sécurité à faire usage de leurs armes.

D’après Armand Ouédraogo, procureur près la Haute cour de justice, l’ancien président et ses ministres risquent vingt ans d’emprisonnement ferme. « Si Compaoré est condamné, nous allons demander son extradition. Pour le moment nous ne jugeons pas sa présence indispensable », indique le procureur. Celle-ci est cependant très improbable, compte tenu du fait que depuis, « le beau Blaise » a reçu la nationalité ivoirienne. D’autres affaires similaires devraient suivre, tant ses 27 années au pouvoir ont été marquées par les abus.

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