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Une enquête française confirme l’usage de gaz sarin par le régime syrien

Jean-Marc Ayrault, Ministre des affaires étrangères, a présenté ce mercredi un rapport des services secrets français incriminant « avec certitude » le régime de Damas dans l’attaque chimique contre la localité de Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest de la Syrie, le 4 avril. Cette attaque avait fait 87 morts, dont 31 enfants. Le rapport se base sur l’analyse d’échantillons « environnementaux » pris dans la ville et sur celle du sang prélevé « le jour de l’attaque » sur l’une des victimes.

A chaque fois, les résultats concordent : on retrouve bien des traces de sarin et d’un autre, l’hexamine. Un composé chimique qu’on retrouvait dans une grenade non explosée comprenant du sarin, larguée en avril 2013 par l’armée syrienne. Il s’agirait de la signature syrienne dans le procédé de synthèse du sarin, d’après les renseignements français. Les munitions utilisées avaient alors été tirées depuis des hélicoptères, ce qui prouvait la responsabilité de Damas – la rébellion n’en dispose pas.

« Le sarin est très complexe à fabriquer, il y a 20 à 25 modes de synthèse possibles », explique Olivier Lepick, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). « Le régime a déclaré détenir 80 tonnes [d’hexamine] lors de son adhésion à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Or on a constaté la présence d’hexamine dans deux autres attaques qu’il a perpétrées. C’est une signature, comme si vous retrouviez à plusieurs reprises de la cannelle dans un gâteau au chocolat. »

Les services secrets français ont ensuite réalisé une analyse de « la situation tactique autour du 4 avril ». Ils concluent qu’un Sukhoi 22 a décollé de la base d’Al-Shayrat le matin du 4 avril avant de frapper à six reprises Khan Cheikhoun. Cela coïncide avec les témoignages d’habitants et les écoutes révélées par Washington. Celles-ci faisaient état de manouvres aériennes caractéristiques de l’usage d’armes chimiques – notamment du fait de la prise en compte du vent lors des frappes.

« Ces frappes du régime syrien s’inscrivent dans un contexte d’emploi continu, depuis 2013, d’armes ou d’agents chimiques en Syrie, notamment lors de frappes aériennes », conclut le Quai d’Orsay. Une enquête internationale lancée via l’OIAC fait déjà état de trois attaques au chlore contre des villes du nord-ouest de la Syrie. Dans ses notes publiées régulièrement, elle demande à chaque fois des réponses aux « lacunes, incohérences et divergences identifiées » dans les déclarations du régime de Bachar al-Assad. Sans réponse.

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