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Vers la fin de l’ère du charbon ?

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Partout dans le monde, la construction de centrales thermiques au charbon recule, contribuant à réduire les émissions de CO2. Pour celles toujours en service, une mise au vert s’impose ! En effet, de nouvelles technologies développées par les énergéticiens permettent également de contrer les effets néfastes du charbon.

 

Fin de règne pour le charbon. Si le président américain, Donald Trump, a annoncé, mardi 28 mars 2017, la relance de l’industrie du « beau charbon propre » aux Etats-Unis, c’est bien un large mouvement de reflux qui est à l’œuvre de par le monde. Pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris sur le climat, la fin des combustibles fossiles et la transition vers les énergies renouvelables sont, en effet, indispensables.

Une étude, réalisée conjointement par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), est récemment venu confirmer que tout retard pris dans la transition énergétique mondiale augmente le risque de voir les investissements aspirés par les combustibles fossiles – autant « d’investissements échoués ». Selon cette étude, refuser les énergies fossiles pourrait accroître le PIB mondial de 0,8% (1,6 milliards de dollars) d’ici 2050, sans parler des emplois créés.

Une baisse sans précédent des constructions de nouvelles centrales au charbon

La désaffection pour le charbon se traduit par une baisse spectaculaire de la construction de nouvelles centrales thermiques à charbon dans le monde : – 62% en 2016. Entre janvier 2016 et janvier 2017, le volume de capacité énergétique des projets de construction de centrales de ce type a baissé de 48%, passant de 1 090 GW à 570 GW. Un recul sans précédent dans l’histoire récente, que l’on doit principalement à l’inversion des dynamiques en Asie et particulièrement au fait que la Chine ait imposé des mesures de restriction draconiennes afin de lutter contre la pollution atmosphérique.

La Chine, qui rassemble près de la moitié des centrales à charbon du monde, s’est engagée à réduire de 800 millions de tonnes ses capacités de production annuelles de charbon d’ici à 2020. Dans ce pays, le nombre de projets de préconstruction a baissé de 48% en 2016, les démarrages de nouveaux projets de 62% et le nombre de nouveaux permis délivrés de 85%. Signe de ce volontarisme chinois, la dernière centrale à charbon alimentant Pékin en électricité a été officiellement fermée le 19 mars dernier. Un geste hautement symbolique, qui témoigne de ce que la Chine évolue vers un modèle « bas carbone ».

Les pays développés tournent eux aussi le dos au charbon. En France, la fin annoncée du charbon est prévue pour 2023. Le Canada et le Royaume-Uni lui ont emboité le pas et ont annoncé, en 2015, leur sortie définitive de cette énergie. Aux Etats-Unis, et malgré les dernières décisions de Donald Trump, ce sont pas moins de 250 centrales à charbon qui ont fermées leurs portes depuis 2010 – quasiment une par semaine. En tout, 120 centrales au charbon ont été fermées dans le monde au cours des deux dernières années. Seule l’Allemagne traîne encore des pieds : 40% de l’énergie consommée dans le pays provient toujours de centrales à charbon.

Les conséquences de ce changement de paradigme se font déjà sentir : pour la troisième année consécutive, les émissions de CO2 n’augmentent plus dans le monde. Aux Etats-Unis, elles ont même baissé de 3% et, en Chine, de 1% en 2016. Si cette diminution des émission de gaz à effet de serre est due aux fermetures de centrales, elle est aussi la résultante de nouvelles techniques permettant de minorer les effets néfastes du charbon.

L’innovation au service du climat

En France, EDF vient de lancer une expérience inédite : le charbon vert. La centrale thermique de Cordemais (Loire-Atlantique), construite en 1970, a bénéficié d’un investissement de 350 millions d’euros destiné à rénover ses infrastructures. Les travaux terminés, un programme pilote a été lancé sur deux unités de production, qui fonctionnent désormais au charbon vert, c’est-à-dire une biomasse issue de déchets verts. Ces déchets, traités grâce à l’explosion de vapeur, dégagent une valeur énergétique proche de 80% de celle du charbon et sont brûlés par co-combustion avec du charbon traditionnel. L’objectif est d’atteindre les 600 MW tout en émettant moins de gaz à effet de serre que le charbon. Pour s’approvisionner, EDF privilégie les filières locales et souhaite collecter les déchets verts broyés par les communes pour les recycler. Une solution innovante et gagnant-gagnant.

Le stockage du carbone est aussi une solution d’avenir. Le CO2 est capté lors de la combustion du charbon et stocké, en toute sécurité, à de grandes profondeurs dans le sous-sol. Une solution qui séduit de plus en plus de par le monde : centrale de Mountainer Station d’AEP et Alstom aux Etats-Unis, centrale de Schwarze Pumpe de Vattenfall en Allemagne, centrale thermique du Havre par EDF en France ou encore celle de Boundary Dam au Canada. Dans cette dernière, l’objectif est de récupérer un million de tonnes de CO2 par an, grâce à une tour d’absorption capable d’isoler le carbone.

Il y a urgence à diminuer nos émissions de CO2. Selon les experts, limiter la hausse de la température à 2°C d’ici la fin du siècle nécessitera de diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre.

 

 

 

 

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