Site icon La Revue Internationale

Santé : l’Afrique se mobilise pour ses enfants

enfant-africain.jpgenfant-africain.jpg

L’Afrique se mobilise pour la santé. La neuvième conférence panafricaine des sociétés de la Croix et du Croissant Rouges, qui s’est tenue à Abidjan (Côte d’Ivoire) au début du mois d’avril, illustre cet engagement de la société civile africaine en faveur de la santé des habitants du continent. A cette occasion, la première dame ivoirienne, Dominique Nouvian Ouattara, par ailleurs présidente d’honneur de la Croix Rouge de Côte d’Ivoire, a salué les efforts conjugués de la Croix et du Croissant Rouges en Afrique.

« Sur notre continent, confronté à de nombreuses difficultés et défis à relever, a-t-elle déclaré, les différentes organisations humanitaires, composées de milliers d’hommes et de femmes volontaires, déterminés et engagés dans la lutte conte la souffrance humaine, se donnent sans compter pour sauver des vies ».

« C’est en mobilisant toutes nos ressources et nos énergies dans un partenariat solide que nous parviendrons à construire une Afrique plus forte et plus autonome », a conclu Dominique Nouvian Ouattara. Le chemin, pourtant, est encore long, tant les défis et problématiques de santé sont nombreux et complexes sur le continent — particulièrement en ce qui concerne les enfants.

Un diagnostic alarmant

Si la situation s’améliore progressivement, la mortalité infantile en Afrique reste très élevée. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2015, quelque 2 820 000 enfants africains sont décédés avant l’âge de cinq ans, contre plus de 4 millions en 1998. Cela représentait une mortalité infantile de 81 enfants pour 1 000 naissances, plus de sept fois supérieure à celle en vigueur en Europe. La même année et toujours selon l’OMS, plus de 77 000 enfants africains sont morts des suites du VIH/Sida avant d’avoir atteint quatre ans.

On sait également qu’un grand nombre de ces décès pourrait être évité si ces enfants étaient vaccinés. Or, un enfant africain sur cinq ne reçoit pas ces vaccins, en raison de la pénurie des services de santé dans les zones rurales ou du manque d’information. Pourtant, de nombreuses maladies peuvent être évitées grâce à un vaccin, à l’instar de la rougeole, de la coqueluche, du tétanos, de la diphtérie, de la fièvre jaune, de l’hépatite B, de la pneumonie ou encore de la tuberculose. La rougeole, notamment, serait à l’origine de près de 40 000 décès dans les pays de la Région africaine de l’OMS.

D’autres affections, si elles ne sont pas mortelles, ne s’en révèlent pas moins lourdement handicapantes : les problèmes oculaires par exemple, difficiles à détecter et à soigner sur un continent où les spécialistes sont plus rares qu’ailleurs et les dispositifs médicaux particulièrement coûteux, par rapport au niveau de vie des populations. En Afrique, plus de 6 % de la population est aveugle ou atteinte d’une déficience de la vue, uniquement parce que ces personnes n’ont pas eu accès à des lunettes. Or, sur le continent, l’espérance de vie d’une personne aveugle ne dépasse pas trois ans.

La société civile et la santé connectée au service des enfants

Si le diagnostic santé de l’Afrique et de ses enfants est alarmant, la société civile se mobilise pour améliorer les conditions de vie des Africains. Ainsi, en 2013, l’OMS et l’Unicef indiquaient que plus de sept enfants africains sur dix avaient reçu une dose de vaccin anti-rougeoleux au cours de leur première année de vie, contre seulement la moitié d’entre eux en 2000. Depuis 2001, 750 millions d’enfants du continent auraient bénéficié des campagnes de vaccination de masse.

Au Cameroun, la star de football Samuel Eto’o vient de financer intégralement un pavillon hospitalier pour les enfants de Douala, la capitale économique du pays. Un investissement estimé à 700 millions de francs CFA, soit 1,4 million d’euros.

En Côte d’Ivoire, Dominique Nouvian Ouattara, toujours elle, a lancé en avril dernier la cinquième « caravane ophtalmologique », menée par sa fondation, Children of Africa. Sillonnant les régions ivoiriennes, les ophtalmologistes, médecins, infirmiers et bénévoles de la caravane ont permis à près de 21 000 enfants âgés de 0 à 15 ans de bénéficier de consultations et de soins gratuits. Parmi eux, plus de 1 000 enfants ivoiriens se sont vus remettre une paire de lunettes de vue gratuite.

« Il est important que les enfants soient diagnostiqués et pris en charge tôt, au cas où leur vue serait défaillante, a déclaré la première dame ivoirienne. Un enfant en bonne santé et avec une bonne vue a plus de chances de mieux se concentrer à l’école et d’obtenir de bons résultats scolaires ». Depuis 2008, ce sont près de 60 000 enfants qui ont bénéficié du passage de la caravane.

La révolution digitale s’inscrit aussi pleinement dans cet effort pour améliorer la santé — et la vue — des Africains. L’Université de médecine tropicale de Londres et la société Golden Gekko viennent ainsi de lancer une nouvelle application pour smartphone, PEEK Vision, qui permet, à moindre coût, de dresser des examens ophtalmologiques ordinaires. Le patient regarde le smartphone et les résultats sont immédiatement disponibles et partagés avec des professionnels.

Plusieurs dizaines de milliers d’enfants kenyans ont déjà été dépistés, parmi lesquels un millier, souffrant de troubles de la vue, a été redirigé vers un hôpital. Aussi fiable que les méthodes classiques, le dispositif revient à près de 50 fois moins cher qu’un équipement traditionnel. Alors que le téléphone mobile a été largement adopté par les Africains, les concepteurs de l’application estiment que 80 % des déficiences visuelles les plus fréquentes pourraient ainsi être dépistées.

De nombreuses initiatives prennent le même chemin : Citizen Doc, une application permettant de disposer d’un premier diagnostic grâce à un questionnaire simple ; Teeko, qui propose un portail d’e-santé avec la géolocalisation des établissements de santé ; JokkoSanté, au Sénégal, des pharmacies communautaires récupérant les médicaments non utilisés par les utilisateurs de l’application ; ou encore Echoes, qui permet aux enfants de Guinée et du Mozambique de bénéficier d’une télé-expertise médicale internationale, grâce à une plateforme en ligne d’échographie pédiatrique.

 

Quitter la version mobile