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Musique : quand des startups font le pari du numérique

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En France, depuis 2002, le marché du disque a perdu plus de 65% de sa valeur. En 2015, il ne représentait plus que 426 millions d’euros, contre 1,3 milliard d’euros il y a 13 ans. Le numérique, une fatalité pour l’industrie du disque et la création musicale ? Rien n’est moins sûr. De nouvelles initiatives ont vu le jour, et des startups développent aujourd’hui des plateformes innovantes. Une façon de toucher un public plus large, tout en stimulant l’économie.

Le streaming : un moyen d’écoute de la musique bien ancré

Depuis quelques années, l’essor du streaming (diffusion de flux de vidéos en temps réel) a bouleversé les habitudes des consommateurs. Aujourd’hui, un tiers de la population française écoute de la musique en ligne (plus de 22 millions d’utilisateurs). On recense environ 3 millions d’abonnés à des sites comme Spotify, Deezer, ou Qobuz. En 2016, le chiffre d’affaires du streaming en France a atteint la barre des 100 millions d’euros. « Le chiffre d’affaires du streaming représente 76% des revenus numériques et 36% du marché total de la musique », selon Le Monde.

Le modèle du streaming est-il pérenne ? Oui, si l’on en croit Marc Bourreau, économiste à Télécom ParisTech. Le modèle est basé sur le principe de la rémunération au pro rata des lectures de titre. Spotify reverse par exemple environ 70% de son chiffre d’affaires aux ayants droit. Mais ce modèle a aussi un coût pour le consommateur puisque « l’abonnement mensuel à ces services représente un investissement annuel moyen supérieur aux dépenses des consommateurs avant l’ère du streaming », rappelle Marc Bourreau.

Malgré tout, le streaming est aujourd’hui largement accepté par les consommateurs et les producteurs. Des plateformes comme Facebook et Youtube permettent à de jeunes artistes de « s’auto-produire ». L’occasion par ailleurs d’investir dans la vidéo et l’image, comme le groupe musical britannique virtuel Gorillaz: une autre façon, aussi, d’écouter de la musique.

En 2016, le chiffre d’affaire du marché du disque n’était plus en baisse pour la première fois depuis 2002, selon le Syndicat National de l’Edition Phonographique (SNEP). Le tout numérique n’est pas une fin en soi. Si le marché de la musique est de plus en plus dématérialisé, il n’en reste pas moins dynamique avec de nouvelles innovations, y compris dans le secteur du disque.

Des innovations qui stimulent le marché du disque

A côté des géants Spotify et Deezer en France, d’autres plateformes innovantes voient le jour, à l’image de NoMadMusic. Cette startup est à la fois une plateforme de partage de musiques en ligne et un label. Depuis 2014, elle a déjà commercialisé plus de 50 albums (jazz, classique et musiques du monde). Son ambition: « décloisonner les répertoires, et favoriser l’accès à la musique à un public aussi large et divers que possible ». Elle propose également des expériences inédites au public et aux musiciens. Lors de la 2e édition du festival Normandie Impressionnistes, la startup, cofondée par Chlothilde Chalot et Hannelore Guittet, s’est associée à l’Opéra de Rouen Normandie pour porter le beau projet de création d’une « Sonate de Vinteuil » pour orchestre symphonique.

Autre grande maison du Classique : l’Opéra de paris a signé un partenariat avec la société Devialet, spécialisée dans les enceintes et amplis haut de gamme. Objectif : donner accès prochainement, en streaming, à des retransmissions d’opéras. Une nouvelle manière de profiter de la musique classique. Et qui sait, ces retransmissions en direct donneront-elles lieux peut-être un jour à des enregistrements CD ?

Des entreprises françaises sont prêtes à aider ces startups, à l’image du Groupe Audiens et Orange. En 2016, NoMadMusic a reçu le « prix d’encouragement » lors de la soirée de remise du « Prix de l’initiative numérique », organisée par le Groupe Audiens. Le groupe de protection sociale est engagé depuis plus de 10 ans auprès des professionnels de la culture, des médias et de la communication. Grâce à ce prix, NoMadMusic a pu se développer au sein même du groupe, via sa « Nurserie Culture & Innovation« . Pendant un an, le groupe dirigé par Patrick Bézier donne accès, aux laurétas de ses Prix, à un « espace de co-working » et à un accompagnement juridique et financier. Les startups ont également la possibilité de participer à des évènements professionnels dans les domaines de la culture, de la communication et des médias.

La société Orange est aussi très active dans le domaine du numérique. Elle a récompensé en 2016 Sonic Solveig, éditeur de musiques interactives. Elle propose en ce moment une (re)découverte sonore de Casse Noisette (Tchaikovski).

Si les modes de consommation évoluent, l’attrait pour la musique reste intact. En offrant des perspectives de productions et diffusions musicales renouvelées, des startups nous font accéder à de nouveaux univers musicaux, tout en respectant le travail des artistes et le choix des consommateurs.

M. Loncle

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