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Royaume-Uni : le leadership de Theresa May fragilisé

« Donnez-moi un mandat clair pour négocier le meilleur accord possible pour le Royaume-Uni. » C’est en ces terme que la dirigeante britannique Theresa May annonçait la troisième élection majeure pour son pays en deux ans (après a réélection du conservateur James Cameron et le référendum sur le Brexit). Lorsque Theresa May a fait cette annonce surprise le 18 avril, les Conservateurs étaient donnés avec vingt points d’avance sur les Travaillistes. Six semaines plus tard, les vents ont bel et bien tourné.

S’il garde la pole position, le parti conservateur britannique sort très affaibli des législatives anticipées. Les tories n’ont pas su convaincre lors d’une campagne, très courte et offensive, également bouleversée par les attentats – Theresa May avait porté un projet de réduction des effectifs des forces de sécurité britanniques, ce qui n’a pas manqué de lui être rappelé. Cette dernière a aussi fait les frais de sa position intransigeante dans les négociations à venir avec l’UE dans le cadre du Brexit.

Son rival travailliste, Jeremy Corbyn a, lui, adopté un ton plus conciliant avec Bruxelles. Contesté par son propre parti, dont 80% des députés avaient tenté de le renverser, et donné largement battu par les sondages, ce dernier a su remonter la pente de manière impressionnante. Thersa May arrive en tête avec 318 sièges mais elle perd 12 députés et, du même coup, sa majorité absolue à la Chambre des communes au profit des travaillistes (261 sièges).

Il s’agit d’un désaveu personnel pour Theresa May : il y a peu des sondages lui prédisaient une avance de 180 sièges sur les travaillistes. Aussi, les appels à son départ se sont multipliés. En premier lieu, sans surprise, Corbyn, mais aussi la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, pour qui Mme May doit « abandonner » son projet de Brexit « dur » après son échec aux élections législatives. Cette dernière « a perdu toute autorité et toute crédibilité », poursuit la cheffe des indépendantistes écossais.

De fait, le seul parti sur lequel May peut encore compter sont les sulfureux Unionistes nord-irlandais (PUD). La premier ministre irlandais, Enda Kenny, s’est à ce propos dit « préoccupé », dimanche 11 juin, par la perspective d’un accord entre la formation extrémiste protestante d’Irlande du Nord, et les conservateurs de la première ministre britannique. Plus largement, cette alliance fait l’objet de fortes critiques au Royaume-Uni, à cause du conservatisme social du parti nord-irlandais, farouchement opposé au mariage des homosexuels et à l’avortement.

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