Avec 33% des voix, la CDU/CSU est arrivée en tête des législatives allemandes, assurant à la chancelière un quatrième mandat. Mais la quête d’une majorité s’annonce compliquée et le scrutin a été marqué par une progression importante des ultranationalistes.
Les élections législatives allemandes de 2017 marquent le début d’une période politiquement moins stable pour le pays. Si le parti au pouvoir a pu conserver la pole position, le vote se solde par une victoire nettement moins large qu’attendue du parti d’Angela Merkel. Avec à peine 33 % des suffrages, les conservateurs de la CDU-CSU enregistrent un mauvais score, plus bas encore que le plancher déjà atteint en 2009 avec 33,8 %. Merkel a d’ailleurs reconnu très vite qu’elle avait espéré « un meilleur résultat ». Elle a de fait perdu 8 points par rapport au dernier vote.
Cette relative contre-performance de la CDU permet néanmoins à Angela Merkel d’être reconduite pour un 4e mandat de chancelière par vote des députés du Bundestag une fois constituée une coalition majoritaire au Parlement. Des négociations complexes ont été entamées en ce sens entre les démocrates-chrétiens (CDU/CSU), les Libéraux (10,7 %) et les Ecologistes (8,9 %) – que tout semble séparer. Autre coup dur : Martin Schulz, le candidat du SPD, a annoncé que son parti ne participerait pas à la prochaine coalition, afin de ne pas laisser à l’AfD la place de premier parti d’opposition.
A l’inverse, en effet, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD, extrême droite) réalise une percée historique. Avec 12,6 % des voix, le parti ultranationaliste va obtenir plus de 80 sièges au Bundestag. Le phénomène est particulièrement vrai dans l’ex-Allemagne de l’Est, où il réalise 22,9 % des suffrages. « Nous devons reconquérir les électeurs de l’AfD », a immédiatement réagi la chancelière devant les militants et la presse. Mais Mme Merkel subit le contrecoup de sa politique généreuse d’accueil des réfugiés, jetés sur la route depuis 2015 par la dégradation de la situation en Syrie.
Dans un pays où la population active vieillit inéluctablement depuis deux décennies, le choix de recourir à l’imigration pour consolider le dynamisme économique allemand fragilisé divise. Jusque-là épargnée par la montée du populisme en Europe, l’Allemagne ne fait plus figure d’exception. Xénophobe, islamophobe, l’AfD a aussi pu bénéficier des suffrages des perdants de la mondialisation. Alors qu’il avait échoué aux portes du Bundestag en 2013, l’AfD devance désormais la gauche radicale Die Linke (9%), les libéraux du FDP et les Verts.