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Demandeurs d’asile : le Canada change de discours

Depuis le début de l’été, plus de 9000 demandeurs d’asile sont arrivés au Québec en traversant la frontière de façon irrégulière. La majorité d’entre eux sont des Haïtiens qui ont décidé de fuir les États-Unis avant que Donald Trump ne mette fin aux visas de protection temporaire. Ce statut avait été accordé à près de 60 000 Haïtiens dans les mois qui avaient suivi le terrible tremblement de terre qui avait ravagé Port-au-Princes et les environs en 2010.

 Venus surtout des régions de Miami et New York, mais aussi du Brésil et directement d’Haïti, ils ont ainsi franchi la frontière canado-américaine et réclamé l’asile. Le syndicat des douaniers a appelé l’armée en renfort la semaine dernière devant un afflux sans précédent : « On observe aujourd’hui une forte baisse de leur nombre. Ils sont 50 à 100 par jour », soit cinq fois moins que début août, note Jacqueline Roby, porte-parole au Québec de l’Agence des services frontaliers du Canada.

Une des raisons de cet exode massif est un tweet du Premier ministre canadien Justin Trudeau : un « Bienvenue au Canada », adressé aux réfugiés menacés par le turbulant président américain et ses décrets migratoires – notamment haïtiens. Force est de constater que dernièrement le discours a changé : « Permettez-moi d’être clair, (…) le fait d’entrer au Canada de façon irrégulière ne procure aucun avantage » par rapport au processus de demande d’asile habituel. »

« Notre tâche première est de protéger nos citoyens », ajoutait-il, le 23 août, sur son compte Twitter. Le Canada est « un pays de lois, avec un système d’immigration dont les règles sont claires et qui seront appliquées ». En visite dans les camps, le ministre des Transports Marc Garneau a mis en garde contre la « désinformation » diffusée sur les réseaux sociaux. Le bouche-à-oreille expliquerait en effet lui aussi ce phénomène.

Pour l’heure, des soldats canadiens ont érigé une centaine de tentes près du poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, entre le Québec et les États-Unis, pour soulager les infrastructures déjà saturées des autorités frontalières. Le sort des migrants n’est toujours pas fixé. Il faut compter un délai d’attente d’au moins six mois pour savoir si un dossier peut être entendu par la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada. Et l’hiver arrive à grands pas.

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